Fdesouche

L’entreprise voulait être l’un des grands gagnants des programmes promis par Donald Trump.

Donald Trump voulait édifier un mur entre le Mexique et les États-Unis sur 3.200 kilomètres. Objectif : empêcher l’immigration illégale sur le territoire américain. L’appel d’offres avait été publié quelques mois après son élection. C’est un contrat potentiel de plusieurs milliards de dollars, qui attire les sociétés du BTP, et en particulier les cimentiers comme LafargeHolcim.

Cette entreprise franco-suisse est issue de la fusion de deux entreprises, dont le français Lafarge il y a trois ans. Elle avait indiqué son intention de concourir pour remporter l’appel d’offres. Le groupe était loin d’être le seul : 700 entreprises avaient manifesté leur intérêt, parmi lesquelles de nombreuses entreprises mexicaines, jusqu’à Cemex, un concurrent mexicain de Lafarge, qui avait également indiqué son intention de candidater avant de se rétracter sous les pressions.

Lorgnant sur le colossal programme de travaux publics en préparation aux Etats-Unis, le PDG du groupe franco-suisse Eric Olsen s’était dit prêt, dans un entretien à l’AFP, à vendre son ciment pour le mur anti-clandestins promis par Donald Trump. « Nous sommes prêts à fournir nos matériaux de construction pour tous types de projets d’infrastructures aux Etats-Unis. Nous sommes le premier cimentier aux Etats-Unis (…). Nous sommes ici pour soutenir la construction et le développement du pays. Le groupe est aux Etats-Unis pour servir ses clients et répondre à leurs besoins. Nous ne sommes pas une organisation politique ».

Le groupe qui avait fait construire deux nouvelles usines dans le Maryland et l’Oklahoma, et ouvert de nouvelles capacités dans les Etats de New York et du Missouri, dispose de sites de production au Texas et des opérations dans le Nouveau-Mexique et en Arizona, soit trois des quatre Etats américains frontaliers du Mexique.
Tous ces éléments étaient en mesure de séduire Donald Trump, élu sur la promesse de ramener emplois et usines aux Etats-Unis.

Les réactions ne s’étaient pas faites attendre.

L’ancien président français, François Hollande, avait appelé le groupe franco-suisse LafargeHolcim à « se montrer prudent avant de se porter candidat » comme fournisseur pour la construction du mur anticlandestins promis par Donald Trump à la frontière mexicaine. L’ex chef de l’Etat s’était brièvement exprimé sur le sujet au cours d’une conférence de presse lors d’un Conseil européen à Bruxelles en mars 2017.

Jean-Marc Ayrault, ancien ministre des affaires étrangères, avait mis en garde Lafarge, invitant le groupe à “réfléchir” à sa participation au mur de Donald Trump. Jean-Marc Ayrault avait déclaré à l’époque: « Lafarge dit “je ne fais pas de politique”. Très bien, mais je rappelle que les entreprises – et nous avons travaillé au gouvernement pour développer cette dimension – ont aussi une dimension sociale et environnementale. J’en appelle à ses responsabilités. Elle devrait bien réfléchir à ses propres intérêts : il y a d’autres clients qui vont regarder ça avec une certaine stupéfaction. »

Emmanuel Macron, qui était alors en pleine campagne présidentielle, avait également critiqué la position du géant du ciment: « Etre une entreprise privée n’affranchit pas d’avoir une conscience éthique, je pense que, quels que soient aujourd’hui les projets, nos entreprises ont une responsabilité sociale et environnementale et elles participent à l’ordre du monde. Qu’on soit une entreprise privée, dont les quartiers généraux sont qui plus est en Suisse, n’affranchit pas d’avoir une conscience éthique et de se poser la question avant de participer à certains projets. »

Le Conseil de Paris, mécontent que Lafarge se soit porté volontaire pour collaborer au projet de construction du mur voulu par Trump entre les Etats-Unis et le Mexique, avait mis fin au partenariat avec le cimentier.
« Paris Plages et la Ville de Paris se passeront désormais du sable de l’entreprise Lafarge, volontaire pour collaborer au projet néfaste du mur voulu par Donald Trump entre les Etats-Unis et le Mexique » avait indiqué devant le Conseil de Paris Bruno Julliard, premier adjoint de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, avant qu’un vote n’entérine cette décision. Depuis 2002, Lafarge mettait à disposition de Paris Plages du sable, dont plus de 3.000 tonnes avaient été répandues l’an dernier sur les bords de Seine.

C’est donc sous la pression de ces différents acteurs que le responsable médias du groupe LafargeHolcim, Eike Christian Meuter, précisait au journal le Temps début août 2017, que « LafargeHolcim n’était impliqué dans aucun projet lié au mur avec le Mexique ». Il ajouta que les précédentes déclarations tenues par le PDG du groupe étaient en lien avec des projets d’infrastructures en général.

Reuters

Le Monde

Le Temps

Les Echos

RTL

La Dépêche

Fdesouche sur les réseaux sociaux