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A l’heure où se discutent en commission des lois les amendements de la future loi asile, dans le nord-est de Paris, les réfugiés campent dans des tentes, sans solutions.

Avec un bout de bois, Mohamad tisonne le feu. Les braises ravivées, il chauffera de l’eau dans la gamelle de fer-blanc qui traîne à côté. «Si quelqu’un apporte du thé ou du café, ça tuera le temps», explique le Soudanais sans lever le regard. Quai de La Villette, à Paris, les heures sont lentes entre les toiles de tentes, et les journées s’étirent à l’infini, sans occupations. « Depuis que je suis en France, je ne fais rien. Je vis à la rue. J’ai déposé ma demande d’asile, mais on ne m’a jamais logé. Depuis deux mois je suis réfugié, mais je n’ai toujours nulle part où aller », observe ce chauffeur de taxi de 25 ans, qui semble accuser le poids de son passé et de son présent. «Avant, je rêvais de cette protection de la France. J’étais bien naïf. Elle ne change pas ma vie», ajoute-t-il, le bonnet enfoncé jusqu’aux yeux, comme si sa ligne d’horizon s’était effacée.

Quai du Lot et quai de l’Allier, à la frontière entre Paris et Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ils sont plus de 1 400 à s’entasser dans des petites tentes serrées les unes contre les autres sous le pont du boulevard des Maréchaux, comme si le campement devait tout entier se blottir dans l’ombre pour être le moins visible possible.

C’est pour l’heure le plus gros campement de la capitale. Il remplace ceux de la porte de la Chapelle, où la veille policière n’a laissé s’installer qu’une cinquantaine d’exilés. Il s’ajoute aux quelque 400 Afghans du canal Saint-Martin et à la dizaine de la porte d’Aubervilliers. Sur les trottoirs et les quais du Nord-Est parisien, 920 tentes ont été comptabilisées durant la maraude du 30 mars menée par France Terre d’asile. Elles abritent 1 885 personnes. Et c’était avant le démontage du centre de premier accueil parisien, samedi 31 mars au soir. […]

Le Monde

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