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C’est la semaine sainte mais qui le sait encore ? Une étude menée par des universitaires de l’Université Saint Mary de Londres sur 22 États européens montre à quel point la jeunesse européenne se détourne de ses racines religieuses et spirituelles. Une majorité des 16-29 ans de 12 pays européens s’identifieraient comme non religieux, dont la France (64%). Analyse d’Oliver Roy, politologue, spécialiste de l’islam.

 

L’Islam n’y échappe pas : si le régime du président Sissi vient de criminaliser l’athéisme en Egypte, c’est bien parce que celui-ci était en train de devenir un mouvement social et pas seulement le choix de quelques individus. Les jeunes français d’origine musulmane qui quittent la religion se cachent de moins en moins.

[…] Aujourd’hui les jeunes ne sont pas particulièrement anticléricaux, ni antireligieux (ils sont même souvent plus tolérants que leurs aînés) ; ils sont surtout indifférents et ignorants. La grande leçon (que Benoît XVI avait bien saisie) est que la culture dominante n’est plus chrétienne, au sens où elle n’est même plus l’expression séculière d’une culture chrétienne millénaire. […]

Quelles sont les dynamiques en place en France concernant les jeunes et la religion ? La perte d’intérêt des 16-29 ans est-elle généralisée à toutes les religions ? Ne peut-on voir ici une forme paradoxe avec l’idée d’un “retour du religieux” ?

[…] Il n’y a jamais eu de « retour du religieux », comme les chiffres d’ailleurs le montrent. Le « retour du religieux », qu’on s’en félicite ou qu’on s’en inquiète, est un slogan, une illusion, pas un fait sociologique. Ce qui se passe c’est une plus grande visibilité du religieux, due précisément à sa séparation d’avec la société dominante. Ce religieux, devenu minoritaire est aussi plus « fondamentaliste » et plus obsédé par la « reconquête », que ce soit sur le mariage homosexuel ou sur la sharia.

Car cet effacement du religieux touche toutes les religions , mais avec des dates de démarrage très différentes. […] Les jeunes français d’origine musulmane qui quittent la religion se cachent de moins en moins.

C’est ce qui explique qu’aujourd’hui le conflit porte sur la visibilité du religieux (du voile à la soutane), car le religieux devient visible quand il n’est plus inscrit dans la culture partagée : il apparaît alors comme un refus et une protestation face à la société dominante. […]

atlantico

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