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Le directeur de la Fondapol* analyse les résultats du scrutin italien de dimanche. Il y voit l’extension de ce qu’il appelle le «populisme patrimonial», c’est-à-dire l’exploitation politique de la crainte de perdre son patrimoine matériel et immatériel.

LE FIGARO. – Si les élections italiennes ne dégagent pas pour le moment de majorité de gouvernement, elles sont le révélateur d’un phénomène qui touche toute l’Europe. Comment expliquer cette percée populiste?

Dominique REYNIÉ. – (…) Les Européens n’acceptent plus ce régime de globalisation absolue auquel ils sont soumis, à la fois sur le plan économique, par l’intensification de la concurrence, et sur le plan culturel, par les effets de l’immigration. J’ai qualifié de «crise patrimoniale» cette crainte désormais répandue de perdre à la fois son patrimoine matériel, ou son niveau de vie, et son patrimoine immatériel, ou son style de vie.

Un trop grand nombre de responsables politiques ou médiatiques ou d’universitaires ont tenté d’opposer un barrage à cette réalité, peut-être pour éviter des révisions que l’on pressent déchirantes.

Que peut faire l’Union européenne, prise en étau entre les populismes de l’Est et de l’Ouest?

(…) La démonstration de puissance publique passe avant tout par la reconnaissance, l’affirmation et la défense des frontières communes. Le rapport désinvolte à la frontière est la faute historique des responsables européens. Elle provoque une sécession politique: «On ne peut pas ouvrir les frontières sans fermer les frontières», écrivent Ulrich Beck et Edgar Grande (Pour un empire européen, Flammarion, 2007, p. 367). Pour accueillir, il faut pouvoir ne pas accueillir. Affirmer et défendre ses frontières est devenue l’ardente nécessité des Européens.

La social-démocratie est-elle condamnée?

La social-démocratie est arrivée au terme de son histoire. Ce mode de gouvernement reposait sur une pluralité de paramètres qui ne sont plus. Les politiques de redistribution sont à bout de souffle, en raison de leur ampleur comme des immenses conséquences du vieillissement démographique. Il n’y a plus de droits sociaux significatifs à inscrire dans un programme à vocation majoritaire ; le passage de sociétés relativement homogènes à des sociétés multiculturelles érode le soutien aux politiques sociales: désormais, la popularité du «chauvinisme social» défie la légitimité de l’État providence. La social-démocratie européenne a perdu ses conditions de possibilité et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les démocraties. Les partis protestataires sont en train de s’imposer comme l’unique alternative, face à des coalitions droite-gauche qui, pour être de bon sens, n’en sont pas moins nécessairement l’ultime étape de l’alternance avant le passage à la rupture.

Le Figaro

Merci à valdorf

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