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Michel Winock, ancien professeur d’histoire à l’Institut d’Études Politiques de Paris, et spécialiste de l’histoire des intellectuels, publie Décadence fin de siècle. Présentation de l’ouvrage par Gallimard. 

Les dernières années du XIXe siècle voient triompher la République. Une ère nouvelle commence. À Paris, les expositions universelles de 1889 et de 1900 donnent la mesure du progrès technique et industriel du pays. Mais la victoire des républicains et l’apothéose d’une nouvelle civilisation, urbaine, technique, matérialiste font naître un sentiment profond de décadence. Le mot court comme une traînée de poudre, répété par les intellectuels et repris dans les discours des premiers chantres du nationalisme. Hugo est mort. Barrès est né.
Écrivains, publicistes, journalistes rivalisent de pessimisme sur les temps modernes appauvris par la déchristianisation et hantés par la menace révolutionnaire en ces années de misère sociale. On dénonce les progrès de la société démocratique, que le naturalisme dans les romans a dépeinte dans toute son abjection. Resurgit alors le goût pour le morbide, les sciences occultes, l’érotisme faisandé, le satanisme… Voici venu l’époque des imprécateurs qui haïssent le siècle et annoncent la fin des temps. Décadence! Ce mot-là est associé en effet à la conviction séculaire, théologique, du grand coup de balai qui jettera le monde dans un abîme apocalyptique, d’où l’on espère voir sortir la régénérescence de l’humanité.

Dans cet ouvrage arborescent, Michel Winock explore les peurs, les angoisses, les découragements qui, sous le signe de la décadence, se révèlent également la source féconde d’un renouvellement littéraire et artistique, illustré par de grands auteurs, Barbey d’Aurevilly, Huysmans, Léon Bloy, Octave Mirbeau, Mallarmé, Georges Darien, Pierre Louÿs…

La décadence représente aussi bien un état d’esprit et une disposition de l’âme qu’une esthétique.

Source 


Émission de France Culture au sujet de l’ouvrage

À partir de 17 min 55, l’émission cite une interview d’Onfray :

« Je pense le concept de décadence à gauche. Et c’est peut-être la première fois. […] Je ne pense pas qu’il y ait une renaissance possible, […] que l’on reviendra à l’avant Mai 68.[…] La force et la puissance d’une civilisation repose dans le fait qu’elle propose des vertus et des valeurs. Ça a été un grand moment de négation, et aucune valeur n’a été proposée. »

Michel Winock, à partir de 26 min 14, sur la comparaison avec la Belle Époque :

« J’ai toujours combattu cette idée que notre période ressemblait à celle des années 1930 […] alors que me paraissait plus pertinent cette comparaison avec la fin du XIXe siècle. »

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