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Fin 2017, la photo d’une femme avait été attribuée par erreur aux manifestations contre la politique du gouvernement Rohani. Elle avait été prise dans le cadre de My Stealthy Freedom, un mouvement demandant aux Iraniennes de retirer leur voile.

Elle est grande, élancée, déterminée. Montée sur un bloc d’un mètre de hauteur environ, une sorte de transformateur de rue, la jeune femme a ôté son voile blanc, découvrant ses cheveux longs. Elle l’a noué autour d’un bâton, et l’agite doucement sous les yeux étonnés des passants qui se mettent à la filmer. La scène se passe en plein cœur d’une rue centrale de Téhéran, dans cette République islamique d’Iran où le port du voile est obligatoire pour les femmes. Mais la réaction des passants, pas plus que le risque d’être arrêtée, ne semble perturber cette militante.
Début janvier, beaucoup en Occident ont voulu voir en cette femme le visage de la vague de contestation qui a secoué l’Iran à partir du 28 décembre 2017. Ces images ont largement circulé sur les réseaux sociaux, et ont été reprises dans de nombreux médias occidentaux. De là à transformer ces clichés en « image iconique » de la protestation, il n’y avait qu’un pas que certains commentateurs se sont hâtés de franchir sur Twitter, puis dans d’autres médias. D’autant qu’un dessin, lui aussi largement partagé, est bientôt venu conforter son statut. En réalité, cette « icône » n’a rien à voir avec la fronde qu’elle est censée représenter.

La scène ne s’est pas déroulée lors des manifestations récentes, mais dans le cadre de My Stealthy Freedom. Ce mouvement déclenché par la militante politique iranienne exilée aux Etats-Unis, Masih Alinejad, demande aux Iraniennes de retirer leur voile et de se prendre en photo, ou encore de porter un voile blanc le mercredi. Le cliché de la jeune fille aux cheveux longs, lui, a été publié le 27 décembre, soit un jour avant les premières émeutes. Et si cette image révèle quelque chose du mouvement qui vient de secouer l’Iran, c’est avant tout en creux. D’ailleurs, ce n’est pas dans la capitale Téhéran, mais à Machhad (nord-est), que se sont tenues les premières manifestations.

Or la deuxième ville du pays est un bastion des ultraconservateurs, opposés au président modéré Hassan Rohani. Et les slogans des manifestants ne visaient aucunement les codes vestimentaires en vigueur depuis la révolution islamique de 1979, mais la vie chère. « Mort à Rohani » et « à bas la hausse des prix », pouvait-on entendre dans les rangs. Contrairement à la vague de contestation de 2009, survenue après la réélection de l’ancien président, l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, où les manifestants étaient majoritairement issus de la classe moyenne, cette fois, ce sont les couches défavorisées qui se sont le plus mobilisées.  (…)

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