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CHRONIQUE – Les idées de gauche du maire de Bordeaux ont effaré et exaspéré les électeurs de droite lors de la primaire fin 2016.

Il s’en va. Ou plutôt il ne revient pas. Mais il pourrait revenir un jour. Ou pas. Avec Alain Juppé, rien n’est simple. Son départ de LR était un secret de polichinelle. Ou plutôt une évidence. Alain Juppé n’avait plus rien à y faire. il n’était plus chez lui. Sa maison, c’était l’UMP. L’union de la droite et du centre, comme il ne cessait de le répéter avec emphase, sans voir que sa droite était de gauche et qu’au centre, les électeurs étaient devenus moins nombreux que les élus.

L’UMP, c’était son chef-d’œuvre. La fusion et la confusion des deux grands rivaux de la droite des années 1980: le RPR et l’UDF. Juppé, c’était le RPR le plus proche de l’UDF. C’est un RPR européiste, libéral girondin. L’UMP, c’étaient les hommes du RPR et les idées de l’UDF.

Les deux adversaires historiques de Juppé furent Philippe Séguin et Charles Pasqua. Ils ont tout fait pour empêcher l’abandon, par le mouvement gaulliste, des idéaux patriotiques qui avaient porté les compagnons et les héritiers du Général. Le RPR était colbertiste, social et assimilationniste. Il était pour l’Europe des nations. Il avait un électorat populaire fait de petits commerçants et d’ouvriers, qui côtoyaient des bourgeois patriotes. Le fameux «métro à 6 heures du soir».

Séguin et Pasqua ont perdu. Ils sont morts politiquement avant de mourir pour de vrai. Juppé a gagné. L’électorat populaire de droite a rejoint le Front national. Ne sont restés à l’UMP que les bourgeois et les retraités. Juppé a fait avec la droite ce qu’il a fait à Paris puis à Bordeaux: dehors les pauvres! Alain Juppé est très fier de son travail. Fier de son parcours, de ses idées. Il a ramené de son séjour forcé au Canada ses idées «d’accommodements raisonnables» et de multiculturalisme. Des idées de gauche qui ont effaré et exaspéré les électeurs de droite. Juppé l’a payé. Cher. Très cher. C’est «Ali Juppé» qui a perdu les primaires pour la présidentielle de 2017.

Juppé est trop intelligent pour ne pas le savoir mais il est trop arrogant pour se le reprocher. Il préfère en vouloir à l’électorat de droite qui s’est «radicalisé». En clair: qui a les mêmes idées que le FN sur l’islam et l’immigration.
Alain Juppé n’a plus rien à voir avec «ces gens-là» qu’il méprise. Il est tellement mieux au milieu des journalistes qui l’adulent (après l’avoir détesté) et des bobos qui l’adorent. Juppé n’a plus rien à voir avec la droite puisqu’il est de gauche. Une gauche raisonnable, libérale, européenne, ouverte sur le monde, multiculturaliste. Juppé est rocardien comme Rocard était juppéiste. Tout son travail de plusieurs décennies a profité à Emmanuel Macron, pour lequel Juppé a tiré les marrons du feu. L’histoire est ironique. Juppé le sait et l’accepte, quoi qu’il en ait. Il fait désormais partie de cette bourgeoisie libérale qui a rejoint la bourgeoisie libertaire dans le grand ensemble macronien. Ses anciens fidèles sont au pouvoir.

Juppé peut abandonner son ancien parti l’âme en paix et l’esprit serein. Il a fait avec l’intelligence et la persévérance qui le caractérisent le boulot qu’il s’était assigné: achever la droite. Chirac avait raison: Juppé était bien «le meilleur d’entre nous». Mission accomplie.

Le Figaro

Merci à valdorf

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