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Alors que la France commémore dimanche l’attentat de Charlie Hebdo, Nathalie Goulet, sénatrice UDI-UC de l’Orne et présidente de la commission d’enquête sur l’organisation et les moyens de lutte contre les réseaux jihadistes en France et en Europe, invitée de France info samedi 7 janvier, estime qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire en matière de prévention en France.

Y a-t-il eu de réelles améliorations depuis l’attentat contre Charlie Hebdo ?

Nathalie Goulet : Entre Charlie et le Bataclan, il y a eu un effort budgétaire d’à peu près un milliard d’euros. Entre 2010 et 2017, l’ensemble des budgets de sécurité ont été spectaculairement augmentés, que ce soit avec Bernard Cazeneuve ou le gouvernement actuel : il y a plus de 16% d’augmentation de tous les budgets, plus une forte augmentation du personnel, des effectifs. Quand on en a moins, c’est sûr que c’est moins efficace. Que ce soit pour le contrôle de renseignement, la sécurité, et les opérations sur le terrain, si vous n’avez pas de forces humaines, vous n’avez personne. Et si vous n’avez personne pour décoder le renseignement, il ne vous sert à rien. […]

Pourquoi vous être abstenue au Sénat sur le dernier texte de loi antiterroriste, définitivement adopté en octobre ?

Oui, je n’ai pas non plus voté sur le texte sur le renseignement, que je trouvais trop intrusif. Je pense que d’abord, le texte n’était pas soutenu par des moyens. Et ensuite je conteste le fait qu’on ne vote que des mesures répressives, et qu’on ne s’occupe pas du tout de la prévention. Si on ne s’en occupe pas du tout, on va continuer à alimenter les réseaux ; le nombre de jeunes qui se radicalisent sur le territoire a spectaculairement augmenté ces dernières années. On n’a pas du tout pris la mesure de la prévention. Elle n’est pas organisée, la méthodologie n’est pas en place. Cela pose des problèmes. Vous ne pouvez pas faire sans arrêt du répressif. […]

Vous avez plaidé pour une “idéologie de remplacement” à l’idéologie jihadiste, dans le cadre de l’accompagnement des repentis ou qui rentrent en France ?

Si on n’a rien à leur proposer en échange, cela va être un peu compliqué. La lutte contre la radicalisation, c’est un autre problème. Ces jeunes embrigadés d’une façon ou d’une autre, il va falloir tester leur niveau de dangerosité, et ensuite reconstituer le lien citoyen. Cela va être terriblement compliqué. Il va falloir leur proposer quelque chose, une société qui les accueille, quelque chose qui leur donne envie, un métier, etc. C’est tout un travail de reconstruction et je ne crois pas qu’on soit prêts pour l’instant. […]

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