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Face à la pénurie de personnel, nombre d’établissements, en particulier dans les zones peu attractives, ont de plus en plus recours à des praticiens formés à l’étranger et contraints à la précarité. Symptôme de la crise de l’hôpital.

«En France, ajoute le SNPADHUE (Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union Européenne), il y aura 30 % de départs à la retraite à partir de 2020 et environ 12 500 postes de praticiens hospitaliers vacants.»

D’un point de vue démographique, ces médecins ont en moyenne 50 ans, 43,1 % sont de nationalité française, et 29 % sont naturalisés français.

C’est l’angle mort de la crise des hôpitaux publics : les «médecins à diplômes étrangers». On évite d’en parler, on fuit le sujet. Les directeurs d’hôpitaux, par exemple, ne veulent surtout pas l’aborder. […]

L’hôpital de Château-Thierry, couplé avec celui de Soissons, emploie 30 médecins titulaires de diplômes français, 10 venant de l’Union européenne et 19 de pays hors UE, soit en tout 11 nationalités différentes. Autre cas, l’hôpital François-Mitterrand de Nevers : l’établissement fonctionne, lui, avec 62 médecins à diplôme français, 15 issus de l’Union européenne, et 21 de pays hors UE. Le maire reconnaissait récemment devant la presse : «La proportion de médecins étrangers pose question, elle n’est pas toujours comprise.» […]

A Dreux (Eure-et-Loir), même taux : 102 médecins à diplômes français, 68 à diplômes étrangers, issus de 21 pays différents. Et même refus de la direction d’aborder la question. «Il ne faut pas jeter de l’huile sur le feu», nous répond, agacée, la directrice de l’établissement. Certes, mais à Dreux leur nombre a presque doublé en l’espace de sept ans. […]

Un médecin, qui vient de partir à la retraite : «Evidemment, la question de la qualité des soins est posée, mais que peut-on en dire ? Il est impossible d’en discuter. Il y a de très bons médecins, d’autres moins. Le problème est que la santé n’est pas qu’une affaire technique, l’aspect culturel et relationnel est important. C’est peut-être là le point noir.»[…]

Le mois dernier, le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a rendu publique une analyse très fouillée de la situation, aussi bien dans les hôpitaux qu’en ville. «Au 1er janvier 2017, la France compte 26 805 médecins titulaires d’un diplôme obtenu à l’étranger, parmi lesquels 22 619 exerçaient de façon régulière, soit 11,8 % du total des médecins en activité régulière, en hausse de 7,8 points par rapport à 2007.» Puis ce constat : «Le nombre des médecins exerçant en France avec un diplôme européen ou extra-européen a quasiment été multiplié par deux entre 2007 et 2017 et devrait atteindre les 30 000 en 2020.» Avec quelques particularités notables, dont, ces dernières années, la montée en puissance des médecins diplômés en Roumanie qui sont aujourd’hui 4 254. «Ce nombre a été multiplié par sept depuis 2007, date de l’entrée du pays dans l’Union européenne. Ils devraient être 4 711 en 2020, soit un effectif proche de ceux diplômés en Algérie, dont le nombre a cru de 56 % en dix ans. » […]

Libération

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