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Emmanuel Macron commémore lundi les tueries du 13 novembre 2015. Alors que Daech est affaibli, le danger reste élevé mais il a changé de forme. Les services s’inquiètent d’individus indétectables déjà présents sur notre sol et de la “radicalisation” en prison.

Policiers, magistrats, chercheurs, tous dressent le même constat : Daech n’est plus en ­mesure de renouveler une ­attaque cordonnée et complexe comme celle du 13 novembre 2015. “La menace d’une action projetée est très faible“, tranche une source proche des services de renseignements. “Avec la perte de territoires, l’hécatombe dans les rangs des djihadistes et la Turquie qui bloque ses frontières, la possibilité est minime“, complète un policier antiterroriste, qui juge peu probable l’existence de commandos dormants.

Pour les acteurs de la lutte antiterroriste, la menace est désormais ailleurs – ou plutôt ici même, en France, autour de nous. Cette semaine encore, les experts de la Sdat et de la DGSI ont opéré un coup de filet dans la région parisienne et sur la Côte d’Azur. Les individus capturés ne semblent pas avoir eu de projet bien défini ni de calendrier établi. Pas non plus de commanditaire identifié dans la zone irako-syrienne, mais une radicalisation affichée assortie d’une foi en l’Etat islamique et d’une volonté de frapper la France, d’une façon ou d’une autre. […]

Endogène, cette menace n’a rien d’homogène. La forme la plus simple, la plus difficile à détecter, peut se résumer à un individu isolé, au profil psychologique fragile – voire candidat au suicide –, qui peut passer à l’acte avec un simple couteau, de préférence en visant un policier ou un militaire de l’opération Sentinelle. C’est ce qui s’est produit au Louvre en février, à Orly en mars, devant Notre-Dame en juin… A ­Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), c’est avec une voiture que six soldats ont été blessés en août dernier. “Une des plus grosses craintes, confirme Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, c’est justement le risque que l’on ne connaît pas. Sur la période 2014-2017, 60% des individus qui ont frappé en France étaient inconnus des services et des fichiers de police.” […]

Dans cette guerre atypique contre un ennemi presque invisible, la technologie joue un rôle primordial. Au banc des accusés, la messagerie cryptée Telegram et ses chaînes ou groupes de discussion fermés. […]

Reste le cas épineux des prisons. Selon la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, qui dévoilait cette semaine un programme expérimental de déradicalisation pour un premier contingent de 14 personnes, les établissements pénitentiaires hébergent “autour de 500 détenus très radicalisés et 1.500 personnes en voie de radicalisation. Le défi est important et, prévient Jean-Charles Brisard, “plus de 60 des individus condamnés depuis 2013 dans des dossiers à connotations terroristes auront purgé leur peine en 2020” A cette date, rien ne s’opposera en théorie à leur libération.

Le JDD

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