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La Turquie s’est clairement ingérée dans les élections allemandes depuis plusieurs semaines tandis que Berlin accuse la Russie d’en faire autant. Une atmosphère tendue qui ne devrait pas pour autant empêcher Angela Merkel de rester au pouvoir.

Si les élections allemandes ne devraient pas réserver de surprise et consacrer à nouveau Angela Merkel, dimanche, la campagne électorale de la chancelière allemande aura été marquée par des tentatives de déstabilisation. Ces derniers mois, la Turquie a très clairement fait savoir qu’elle s’opposait à sa réélection, en raison des tensions extrêmes entre les deux pays depuis le putsch avorté de juillet 2016. Plus récemment, c’est la Russie qui a été accusée de vouloir influencer l’issue du scrutin. […]

On peut imaginer que le président russe Vladimir Poutine serait heureux avec un autre chancelier“, déclarait en juillet le patron du renseignement intérieur allemand, dont les services ont planché sur les cyber-attaques russes notamment. Depuis le début de la campagne, les médias sous contrôle du Kremlin ont fait la part belle à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême-droite particulièrement hostile à Angela Merkel et à sa politique d’immigration. Ses dirigeants ont d’ailleurs été reçus à Moscou cette année, notamment par le président de la chambre basse du parlement Viatcheslav Volodine. Mais comme quand il a été accusé de s’ingérer dans l’élection américaine ou française, le Kremlin nie en bloc toute implication. […]

Car contrairement à la France ou aux Etats-Unis, l’influence russe sur les débats est plus importante en Allemagne, où les “Russlanddeutsche”, ces quelque 2,5 millions d’immigrés venus d’ex-URSS, constituent une part non-négligeable du corps électoral. Une population comparable à celle originaire de Turquie, d’où sont venues les autres tentatives de déstabilisation. Mais à la différence de Moscou, Ankara n’a jamais nié vouloir influencer les résultats de l’élection. En août, le président turc Recep Tayyip Erdogan a ouvertement appelé la communauté germano-turque à sanctionner Angela Merkel, les sociaux-démocrates et les Verts, tous qualifiés d'”ennemis” de la Turquie.

La diaspora turque en Allemagne, forte de trois millions de personnes, est la plus importante dans le monde et près de 1,2 million de Turcs disposent également de la nationalité allemande, ce qui leur permettra de voter lors des élections de dimanche. Par le passé, les Allemands d’origine turque ont plutôt voté à gauche, en majorité pour le SPD. Mais Recep Tayyip Erdogan est très populaire au sein de la diaspora, qui a voté à 59% pour son parti aux législatives de novembre 2015. “C’est un acte d’ingérence exceptionnel dans la souveraineté de notre pays“, avait vivement réagi Sigmar Gabriel, le ministre allemand des Affaires étrangères. […]

Le JDD

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