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Le film de Christopher Nolan occulte le nombre des soldats indiens et africains dans le sauvetage des troupes Alliées. Encore une occasion manquée de montrer leur rôle décisif regrette l’auteure britannique Sunny Singh, dans une tribune publiée par “The Guardian”.

La grande fresque historique de Christopher Nolan a quelque problèmes avec l’histoire dénonce une auteure anglaise dans une tribune cinglante publiée par The Guardian. Quelques journalistes français avaient déjà fait remarquer le prisme très britanno-britannique de Dunkerque, sorti en salle le 19 juillet. Le film, qui retrace l’opération Dynamo – l’évacuation jusqu’aux côtes anglaises de 330 000 Alliés en mai 1940 – omet aussi bien le sacrifice de dizaines de milliers de soldats français pour tenir le front aux Allemands que les 39% de Français qui ont accosté à Douvres. Mais Sunny Singh (1) pointe un autre oubli passé plus inaperçu aux yeux des critiques.

Le parti du film est d’immerger le spectateur aux côtés de ceux qui fuyaient plutôt que ceux se faisaient canarder. A ses yeux, rien n’explique en revanche la somme d’omissions qui a conduit au blanchiment des troupes. Sur les plages de Dunkerque, en mai 1940, se trouvaient au moins 1 800 soldats des forces royales indiennes, dépêchés tout droit de Bombay pour venir en aide aux troupes britanniques. Et parmi les quelque 130 000 Français évacués jusqu’à Douvres, des soldats marocains, algériens, tunisiens étaient présents. « Si quelques visages non-blancs peuvent être aperçus dans les scènes de foule sur la plage, c’est à peu près tout », regrette Sunny Singh. Et de préciser que la flottille, qui a évité le carnage initialement prévu par Churchill – qui pensait au mieux secourir 40 000 hommes – était constituée, pour un quart, de matelots d’Asie du Sud et d’Afrique de l’Est. Rien de tout cela n’est montré dans le film.

Dans une production de cette taille, qui résulte de « plusieurs centaines de petites et grosses décisions », une telle erreur n’a rien d’accidentel, estime-t-elle. Christopher Nolan suit les traces de réalisateurs, d’hommes politiques, qui racontent depuis longtemps une version « blanchie » de l’histoire. Et de rappeler que les photos de Paris en 1944 mettent en scène une Libération entièrement blanche, alors que 65% des troupes françaises venaient d’Afrique de l’Ouest.

[…] Télérama

Merci à Man from Dystopia

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