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Le début de 2015 ressemble au début de 2014 au moins sur un point. La sortie de crise est encore au stade de l’espoir.

En janvier 2014, rappelons-le, le FMI augurait l’année par le titre « Marée montante », avec un point d’interrogation, pour ses perspectives mondiales. Il enchaînait en avril par « une reprise mondiale qui reste inégale » puis en octobre par « nuages et incertitudes de l’après-crise ». La marée a reflué. Mais ce decrescendo n’a pas pour autant tué l’espoir de l’après-crise.

Tout n’était pas faux dans ce qui avait été entrevu en 2014

D’abord l’idée d’une accélération de la croissance dans les pays développés. Même si elle reste en deçà des espérances et concentrée sur les pays anglo-saxons. Ensuite l’idée d’un recentrage de la mondialisation. L’accélération de la croissance ne viendrait pas des émergents, pénalisés par divers problèmes d’ordre structurel. Pénalisés surtout par le fait que la reprise des pays développés risquait de se faire à leur détriment. Pour deux raisons au moins dont on mesure encore mieux l’acuité aujourd’hui :

  • 1/ Le raccourcissement des chaines de valeur de la part des grands groupes des pays développés semble une tendance qui se confirme.
  • 2/ L’ère d’hyper-disponibilité du capital en faveur des émergents est derrière nous maintenant que les anticipations de croissances s’améliorent dans le monde développé. Avec, comme revers de forts risques désordres financiers dans les BRICS et au-delà.

Mais la principale erreur de perception en 2014 aura été de considérer que l’Europe, ayant touché le fond après deux ans de croissance négative, se placerait dans le sillage de la reprise américaine.

L’héroïsme de cette hypothèse était d’imaginer une accélération de l’activité sans amorce par la demande. Avec quatre arguments clés : la faiblesse des taux d’intérêt, l’atténuation de la rigueur monétaire et budgétaire, le socle de la croissance allemande qui paraissait résister à toute épreuve, et surtout un important besoin de renouvellement du parc des équipements après 6 ans de panne.

La puissance de la désinflation a douché cet espoir

Au Japon, mais surtout en Europe. Je ne reviens pas ici sur le cercle vicieux qui a enrayé la reprise européenne et surtout le moteur que l’on imaginait allemand. Face à la déflation rampante, il aurait fallu bien plus qu’une neutralité fiscale pour sortir l’Europe de l’ornière.
En substance, si la bascule de croissance entre pays avancés et émergents a bien eu lieu, la diffusion de la reprise au sein du monde développé a été trop partielle pour faire décoller l’économie mondiale.

Du coup 2015 sonne un peu comme l’année de la deuxième chance. 2015, c’est une reprise américaine dont la solidité est confirmée. Plus une évolution des changes et du prix des matières premières qui redonnent une chance à une diffusion positive de la croissance au sein des pays avancés.

Un espoir ravivé avec de grosses zones d’ombre cependant : d’abord cette incroyable inertie politique de l’Europe face aux risques qui pointent. Une incapacité coupable notamment à aborder à froid la question d’une restructuration partielle des dettes, alors même qu’il devient évident que cette issue est inévitable. Ce sont du coup des risques politiques et sociaux de plus en plus aigus dans le sud de l’Europe et de nouveaux nuages sur l’intégrité de la zone euro. C’est aussi un risque de ralentissement désordonné des émergents, de plus en plus palpable. Et enfin le piège fatal de la déflation qui continue à roder a n’a peut-être pas dit son dernier mot.

latribune.fr

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