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Pour Eric Deschavanne, professeur de philosophie, la culpabilisation perpétuelle de l’électorat dans le but de lui faire adopter une ligne de conduite, morale ou d’influencer un vote, concourt à la décrédibilisation de la parole publique. Manif pour tous, référendum de 2005…Les exemples sont nombreux… et la stratégie visiblement inefficace.

Si on laissait les journalistes hiérarchiser les problèmes en fonction de leurs propres préoccupations, il est probable qu’on n’aurait débattu, au cours de cette campagne électorale, que des questions soulevées par Benoît Hamon – les perturbateurs endocriniens, le revenu universel, le 49-3 citoyen, etc.

La culpabilisation des électeurs, dans le but de les faire adopter une ligne de conduite, morale et ainsi orienter un vote se révèle en cette fin de campagne. S’agit-il réellement d’une nouveauté dans le débat français, quelle est la particularité de son épisode 2017 ? En quoi une telle stratégie peut elle mener à une décrédibilisation de la parole publique, et à un évitement de thèmes pourtant essentiels, aux yeux des français, des inégalités, au libéralisme en passant par l’immigration ?

Plus spécifiquement, cette fois-ci, il agite le peuple de gauche, divisé entre une gauche morale qui défend le barrage républicain contre le FN et une gauche populiste antilibérale qui refuse de choisir entre un candidat social-libéral et le candidat FN. […]

Il faut je crois distinguer trois strates pour expliquer le phénomène actuel. Il y a d’abord la tendance à la confusion de la morale et du politique, qui est assez générale, la démocratie médiatique carburant à “l’indignation”. […]

La deuxième strate est le problème posé par l’existence d’un “parti des médias”- problème qui n’est pas spécifique à la France et qu’on retrouve non seulement aux États-Unis mais aussi partout en Occident où se retrouve le nouveau clivage social, liée à la mondialisation, entre une métropole écononomiquement dynamique et une périphérie affectée par la désindustrialisation, la désertification et la relégation. Ce qu’a dit très lucidement Michel Houellebecq hier soir à l’Emission politique à propos de lui-même vaut bien davantage pour le milieu journalistique et médiatique : quand on vit à Paris, où le FN n’existe pas, on est déconnecté des problèmes qui font exister l’électorat du FN. On vit dans une France qui n’est pas toute la France. L’élection démocratique a précisément pour fonction de faire surgir dans le débat public des préoccupations qui pourraient, sinon, ne jamais être portées dans le débat public. […]

news.yahoo

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