Fdesouche

L’homme fort de la vie politique bulgare, le chef du parti conservateur Gerb, Boïko Borissov, va-t-il à nouveau gagner son pari lors des élections législatives, dimanche 26 mars ? Quel que soit le résultat, la formation d’une majorité sera difficile.

Sûr de sa popularité, M. Borissov avait menacé de démissionner en cas d’échec. « Gerb a perdu pour la première fois une élection. Et c’était une nette défaite», souligne le sociologue et politologue, Antoniy Galabov. « Il y a une certaine fatigue de Borissov, explique Daniel Smilov du Centre pour les stratégies libérales, Gerb a toujours eu l’image d’un parti fort. La présidentielle a exposé ses faiblesses. » Mais l’ancien garde du corps du dictateur communiste Todor Jidkov a préféré tenter sa chance avant que sa popularité ne décline et que le parti socialiste achève son redressement.

Car dans le même temps, le Parti socialiste bulgare s’est renouvelé. En mai 2016, il a porté à sa tête pour la première fois de son histoire, une femme, Kornelia Ninova. Cette femme de 48 ans a commencé sa carrière au sein de la formation de droite, l’Union des forces démocratiques, avant de rejoindre le Parti socialiste en 2003. « Elle développe un discours qui n’est pas le discours social-démocrate européen. Elle a adopté une ligne anti-migrants dure, critique l’Union européenne et veut arrêter les sanctions contre la Russie. Et elle joue avec une sorte de nostalgie dangereuse pour la période communiste», s’inquiète M . Smilov. Mme Ninova a fait scandale en déclarant : «la démocratie nous a pris beaucoup de choses», en évoquant le système de santé, la sécurité ou l’éducation. […]

Dans une campagne marquée par la crise des réfugiés, les tensions avec la Turquie et l’attitude de ce pays russophile à l’égard de Moscou, la coalition de trois partis ultranationalistes – dont le parti d’extrême droite prorusse, Ataka – , au sein des Patriotes unis, apparaît comme un soutien possible aussi bien au Gerb de M. Borissov qu’aux socialistes de Mme Ninova. Crédité de 10 % des intentions de votes, elle s’est fait remarquer en mettant en scène, quelques jours avant le vote, un blocage partiel de la frontière turque pour empêcher des Bulgares de Turquie de venir voter. A la présidentielle, leur candidat était arrivé troisième avec 15 % des suffrages

Dans la veine populiste, l’homme d’affaires Veselin Mareshki, qui a fait fortune dans les stations-services et les pharmacies, est crédité de 7 %. Il s’est autoproclamé « le Trump bulgare ».

La poussée nationaliste a été dirigée contre la Turquie. Les menaces régulières du président Erdogan re remettre en cause l’accord avec l’Union européenne sur les réfugiés font craindre à la Bulgarie un nouveau flux de migrants. La minorité turque (700 000 personnes sur 7,4 millions d’habitants) était représentée par le Mouvement pour les droits et libertés (MDL). Mais la personnalisation du pouvoir d’Erdogan et sa remise en cause des valeurs kémalistes ont éloigné le MDL d’Ankara, qui a encouragé la création d’un autre parti turc, Dost (« ami » en turc), ouvertement soutenu par le pouvoir turc. Les leaders politiques bulgares ont dénoncé l’ingérence d’Ankara dans la campagne. […]

Les partis qui ne tiennent pas un discours nationaliste et appellent à des réformes en profondeur sont divisés et pas assurés de rentrer au Parlement. […]

(Kornelia Ninova, dirigeante du Parti socialiste)

Le Monde

Fdesouche sur les réseaux sociaux