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FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Le philosophe et essayiste réagit à la révélation des tweets haineux du chroniqueur du Bondy Blog, Mehdi Meklat. L’auteur d’Un racisme imaginaire dénonce également la motion d’une députée canadienne visant à condamner l’islamophobie.

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FIGAROVOX. – Le chroniqueur du Bondy Blog, Mehdi Meklat, a publié des milliers de tweets antisémites, racistes, homophobes et misogynes. Que pensez-vous de cette affaire?

Pascal BRUCKNER. – L’affaire du Bondy Blog est le Titanic de la gauche branchée. Pendant des années, M le Monde, Libération, Les Inrocks, Télérama ont encensé la formidable vitalité de ce kid des banlieues, si cocasse, si futé qui se proposait, par la voix de son «double maléfique» de tuer des Juifs, de sodomiser Madame Valls, de cracher sur Charb, de casser les jambes de Finkielkraut. Quel humour, quelle force! Les chaisières de la gauche antiraciste se gondolaient, rien qu’à le lire. Il a fallu le courage d’une internaute républicaine et athée pour que l’abjection soit révélée. J’espère que ce «nazillon cool» va être traîné devant la justice, même s’il me semble que ses tweets sont prescrits.

Je ne crois pas que cette affaire Mehdi Meklat passera inaperçue. Elle a le mérite de révéler au grand jour que les membres issus de minorités dites discriminées peuvent aussi commettre des discriminations, qu’ils peuvent aussi être racistes, antisémites, homophobes ou misogynes. Contrairement à la vulgate tiers-mondiste, il y a des oppresseurs chez les oppressés. Le raisonnement du tiers-mondisme est toujours le même: les opprimés sont innocents par nature. De père en fils, le statut de victime se transmet, ce qui permet à celui qui dispose de ce statut de n’être jamais ni responsable ni coupable. C’est une monstrueuse supercherie.

Dans une interview accordée à Télérama, Mehdi Meklat ose même se déclarer victime de la fachosphère… dont il fait évidemment partie! Mais je suis sûr qu’il sera accueilli bientôt par le site frérot salafiste de Médiapart, au nom bien sûr de la lutte contre «l’islamophobie».

Qu’est-ce que l’affaire Mehdi Meklat dit aussi du développement de l’antisémitisme, de l’homophobie et de la misogynie en France?

Il faut relier cette affaire aux propos de la sociologue Nacira Guénif, qui a témoigné lors du procès contre Georges Bensoussan, auteur des Territoires perdus de la République et aujourd’hui d’Une France soumise, accusé d’islamophobie pour avoir pointé l’antisémitisme qui existe au sein de la communauté musulmane. Alors que Georges Bensoussan expliquait notamment le développement de l’expression «espèce de juif, mes excuses», Nacira Guénif a expliqué que ce propos, souvent employé en arabe, «est passé dans le langage courant et ne signifie pas la haine des juifs (…) C’est une expression figée qui fait partie du langage courant. Déshistoriciser des expressions, dit-elle c’est essentialiser». Vous avez bien lu, ne tombez pas de votre chaise. Traiter quelqu’un d’«espèce de juif», c’est l’équivalent de «passe-moi le sel»! On veut désamorcer la violence des kids des banlieues en faisant de celle-ci l’expression d’une minorité oppressée. On oublie au passage qu’il y a aujourd’hui une proportion non négligeable des membres de la communauté musulmane pour qui l’homophobie, l’antisémitisme et la misogynie font partie de leur bagage culturel. C’est ce qu’il ne faut pas dire aujourd’hui. Georges Bensoussan a été condamné pour cela, au nom de l’islamophobie, devenue crime de lèse-majesté.

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Le Figaro

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