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La tension s’était transformée en explosion de violence en septembre, entre deux frères et leur cousin, à Soyaux. Sursis a dit la justice mercredi.

Ils sont cousins et se détestent. À droite du ring, Mourad, 35 ans, un casier judiciaire mince comme une feuille de papier à cigarette et vieux de dix ans pour les délits les plus récents. À gauche, Youcef, 24 ans, et son frère Moustapha, 19 ans. Eux aussi ont un casier quasiment sans tache. Quand le premier peine à s’exprimer en français, les deux frères portent bien et parlent avec calme et aisance. Bref, au tribunal correctionnel d’Angoulême mercredi, le casting était détonnant par rapport aux faits reprochés: coup de couteau, coups de bâton, tirs «avec un calibre» et une vengeance en forme de lynchage, au cœur de l’après-midi du 21 septembre dernier, au beau milieu du Champ-de-Manœuvre, à Soyaux.

Premier épisode dans la nuit du 20 au 21 septembre. Alors que Youcef revient d’un kebab avec un ami, il croise la route de son cousin qui reconnaît avoir eu, cette nuit-là, un méchant coup dans le nez. «Il insultait tout le monde, hurlait, est venu à nous», jure Youcef. «Faux, c’est eux qui m’ont insulté et traité de clochard», assure Mourad. Dans l’embrouille, Youcef jure que Mourad a sorti un couteau et a tenté de le planter au cou. Gratuitement. «Il a voulu lui percer la gorge. Mais comme il avait bu, Youcef a pu esquiver. ça a beaucoup saigné», décrit un témoin. Négations de Mourad. Un certificat médical compte les points: plaie d’un centimètre au cou ne nécessitant pas de points de suture.

Ce n’était que le premier round. Le second va secouer le quartier, le lendemain, en plein après-midi. (…)

Ils se recroisent en tout début d’après-midi. Mourad a-t-il exhibé un couteau comme le prétend son cousin? Youcef a-t-il préparé sa vengeance comme le sous-entend Mourad?

Ce qui est certain, c’est que c’est Mourad qui finit au tapis, après avoir été coursé par un Youcef épaulé par son petit frère et plusieurs autres jeunes du quartier.

Une pierre dans la tête, des coups de bâton, des coups de pied, de poing et, surtout, au moins deux balles de gomme-cogne tirées par Moustapha. Mourad prend sévère, comme l’illustre le certificat médical: traumatisme crânien, multiples hématomes, plaie au crâne, fractures du doigt et de la main.

Pourquoi une telle violence? «Il m’a menacé une deuxième fois. Je l’ai poursuivi, je n’ai pas pu me retenir», confesse Youcef quand son frère se fait plus froid, plus clinique: «Il avait essayé de planter mon frère. Il l’a encore menacé. Je l’ai su. Je suis allé chez moi, j’ai pris un calibre que j’avais caché au cas où. Je suis revenu. Je l’ai vu. Je lui ai tiré deux balles.» Interpellé juste après les faits, Moustapha ne fera aucune difficulté pour donner l’arme aux policiers. Il assume tous les tirs de gomme-cogne, n’esquive aucune accusation.

(…) huit mois de sursis simple pour Mourad et Moustafa. Trois mois de sursis pour Youcef. Et Moustapha, détenu depuis vingt-six jours pour ne pas avoir pointé au commissariat dans le cadre de son contrôle judiciaire, a pu sortir de prison dans l’après-midi. En quittant le tribunal, les cousins ont pris la peine de ne pas se croiser.

Charente Libre

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