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David Desgouilles, journaliste de Causeur, répond à la tribune de Bruno Bernard sur la diabolisation du Front national. Selon son analyse, Jean-Luc Mélenchon est plus dangereux que François Fillon pour Marine Le Pen. Il estime également que les lignes de Florian Philippot et de Marion Maréchal-Le Pen devraient être perçues comme complémentaires et non en opposition.

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L’expression «sortie de l’Euro» a cela d’anxiogène qu’elle laisse croire que la monnaie européenne survivrait au départ de la France.

L’expression «sortie de l’Euro» a cela d’anxiogène qu’elle laisse croire que la monnaie européenne survivrait au départ de la France, entraînant la seule et massive dévaluation du franc recréé. On comprend que, dans ces conditions, une bonne part des sondés y soit rétive. Expliquez leur – et notamment aux personnes âgées – qu’on reviendra tout simplement à la situation d’avant 1997, et la mesure fait forcément moins peur. Tout en demeurant décisive, et permettant la mise en œuvre d’un programme économique différent de celui de François Fillon. Car c’est là que semblent vouloir appuyer Marine Le Pen et Florian Philippot et on peut prévoir qu’ils vont le rabâcher d’ici à la mi-avril : la grande masse de ceux qui viendront voter à la présidentielle n’aura pas la sociologie de ceux qui ont désigné François Fillon au terme de la primaire en novembre dernier. D’ailleurs, ces trois millions de personnes ont davantage voté pour Fillon conservateur que pour Fillon libéral. Comme l’analyse à juste titre Henri Guaino, mais aussi de plus en plus de dirigeants LR, il est à craindre que la posture droite dans ses bottes du candidat issu de la primaire – qui n’est pas sans rappeler celle de son adversaire en finale, à une autre époque – n’aboutisse à une véritable défiance du côté des classes moyennes et populaires, une fois que ces dernières s’intéresseront véritablement à la campagne électorale, c’est-à-dire en février-mars.

François Fillon, pris en étau entre Marine Le Pen, qui le cogne sur les thèmes sociaux, et Macron qui le critique sur le côté sociétal, pourrait bien alors subir le sort d’Edouard Balladur et de Lionel Jospin.

Mais revenons à Marine Le Pen et aux limites de sa dédiabolisation analysées à son détriment par Bruno Bernard. La candidate a malgré tout des motifs d’inquiétude. Elle a davantage à craindre de l’émergence de Jean-Luc Mélenchon, lequel a désormais compris ses erreurs sur le thème de l’immigration qu’il y a cinq ans, que de François Fillon.

Elle a aussi – et c’est d’ailleurs le point sur lequel je suis en total accord avec Bruno Bernard – à faire arrêter les bisbilles entre Florian Philippot et Marion Maréchal Le Pen, et construire avec leur accord une complémentarité plutôt que le champ de bataille actuel.

Si elle y parvient, elle sera très difficile à devancer au premier tour, et elle sera même en position de pouvoir provoquer le séisme politique que constituerait son élection.

Le Figaro

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