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Hebergeur d'imageDepuis 1989 et l’affaire des collégiennes voilées de Creil, la laïcité s’est imposée comme un sujet de plus en plus clivant à gauche. Alors que les électeurs de la primaire vont trancher entre la ligne ferme d’un Manuel Valls et celle libérale d’un Benoît Hamon expliquant que « la laïcité ne doit pas être un glaive contre les musulmans », le politologue et fondateur du Printemps républicain Laurent Bouvet donne sa vision de cette fracture idéologique et met en garde le PS contre la tentation de séduire un « vote musulman » conservateur. Entretien.
Le Point.fr : La gauche est-elle aujourd’hui profondément divisée sur la la ïcité en général, et l’islam en particulier ?
Laurent Bouvet : Ce clivage est présent depuis longtemps. Il y a toujours eu une gauche plus laïque qu’une autre. Regardez un Chevènement dans les années 70-80 par rapport à un Michel Rocard et, plus largement, aux chrétiens de gauche : la conception de la laïcité et le rapport à l’État sont différents. Mais ce n’était pas un clivage qui divisait fortement la gauche. Au moment de la loi Savary, en 1984 aussi, une partie de la gauche y était opposée, estimant que l’école libre était légitime. Mais ce qu’on connaît depuis quelques années est totalement nouveau. Le clivage sur le catholicisme ne recoupe pas celui sur l’islam. Par rapport au catholicisme, reste majoritaire à gauche cette idée du combat, au nom du progressisme, contre le curé et l’Église sur le plan des mœurs, comme on l’a vu au moment du Mariage pour tous.
Mais il n’y a pas le même rejet du conservatisme de l’islam. C’est-à-dire que la gauche ne remet pas en cause, comme elle l’a fait avec Christine Boutin ou Civitas, des organisations ou personnalités musulmanes qui ont pourtant participé aux mouvements contre le Mariage pour tous, et surtout contre les ABCD de l’égalité.

Puisque l’islam est toujours vu comme une religion d’opprimés, l’islamisme n’est jamais vu comme un problème spécifique.

L’islam ne serait donc pas simplement perçu que comme une religion, un « opium du peuple » pour reprendre un terme marxiste…
C’est exactement ça. Le catholicisme, compte tenu de son histoire, est historiquement perçu comme un adversaire sur le plan des mœurs et de la morale, alors que l’islam n’est pas vu comme une religion dominante qui indiquerait le sens à donner à la vie de chacun. La gauche, dans sa majorité, conçoit l’islam comme une religion dominée, et dont les fidèles sont des victimes qu’on doit protéger. Souvenez-vous d’Olivier Besancenot en 2010 défendant sa candidate voilée sur les listes régionales NPA en Paca. Besancenot expliquait qu’il n’y voyait aucun problème et que cette jeune fille pouvait s’habiller comme elle le voulait. Alors que si un candidat du NPA portait une kippa ou une croix, sa réaction aurait été très différente. (…)
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