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Bernard Moraine, maire DVG de Joigny (Yonne), explique la manière dont sa ville, jadis attractive, a sombré socialement et économiquement. Un bilan pessimiste tempéré cependant par l’accueil de migrants syriens et irakiens car la France doit “rester une terre d’asile et d’accueil“.

[…] Comment expliquez-vous l’état d’extrême détresse de votre ville ?
[…] Sous le gouvernement Fillon, la décision a été prise de fermer cette caserne. Nous avons ainsi perdu 410 personnes civiles et militaires, soit un socle important. L’ensemble de ce personnel percevait environ 700 000 euros de salaires par mois, qui dès lors ne retombent plus dans l’économie locale. En outre, la ville a été jusqu’en 1926 la sous-préfecture de l’Yonne, ce qui fait que nous avons gardé des services administratifs importants. Nous avions un Trésor public, des tribunaux, un hôpital… Je ne parlerais pas de déclin, car je me veux optimiste, mais à chaque fois qu’il y a eu une carte de réformes Joigny était dedans. […] Certains candidats à la présidentielle émettent l’idée de créer un revenu universel. Qu’en pensez-vous ?
Je vois cela avec beaucoup de réserve. {…] J’ai le souvenir d’une secrétaire dans une association qui percevait à l’époque le RMI et qui s’étonnait de voir sa voisine de palier toucher autant qu’elle sans travailler. […] Vos administrés sont-ils tentés par le vote FN ?
Bien sûr. En 2012, j’ai donné mon parrainage de maire à Jean-Luc Mélenchon, mais je ne sais pas pour qui le donner cette fois-ci. Je me sens homme de gauche et antifasciste. Mon plus grand plaisir serait de monter un musée de la Résistance et de la déportation à Joigny. Toutes les actions que je peux mener et qui ouvrent les yeux des gens sur la réalité de l’extrême droite sont salutaires. J’ai voulu par exemple sanctuariser le budget culture, car rendre les gens plus intelligents et critiques évite de se faire manger par le premier démagogue qui passe. Mais la responsabilité première est celle de la gauche. Cinq ans au pouvoir, quelle déception ! Je ne sais pas pour qui je voterai…
Vous avez été un des premiers maires en France à accueillir des familles de réfugiés. Comment se passe leur intégration ?
Super bien ! Nous avons cinq familles syriennes et irakiennes depuis 2015. On leur a trouvé des logements, leurs enfants ont intégré les écoles primaires et maternelles. Ils se sont naturellement fondus dans la masse. Les dirigeants de l’équipe de basket-ball m’ont même informé de l’inscription de deux jeunes Syriens dans leur club. C’est une super nouvelle. Mais j’ai pris des balles à l’époque, ce n’était pas évident. Je me suis dit que la France devait rester une terre d’asile et d’accueil et qu’elle devait continuer à rayonner dans le monde. Le problème est que les intolérants gueulent plus fort que nous.
Le Point

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