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Réalisateur : Roger Hanin
Acteurs : Robin Renucci, Christine Pascal, Jacques Nolot, Roger Hanin, Gérard Klein
Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir
Nationalité : Français
Editeur : Opening
Date de sortie : 9 janvier 1985
Durée : 1h24mn

En s’attaquant à un fait divers révoltant du début des années 80, Roger Hanin signe un polar social engagé, dans la veine du cinéma d’Yves Boisset, mais sans nuance. Un brin télévisuel tout de même, malgré une certaine efficacité.
L’argument : Un soir de bal dans une petite ville, une bagarre éclate dans un climat fortement teinté de racisme. Trois des meneurs se retrouvent au poste de police. Le lendemain, dans un train, les trois hommes rouent de coups un jeune arabe avant de le défenestrer. Une jeune femme, témoin du meurtre, alerte la police. L’enquête commence dans un climat de tension extrême. En ville, les provocations et les agressions se multiplient…
Notre avis : En 1985, Train d’enfer s’attaquait ouvertement à la montée du racisme dans l’Hexagone et à l’ascension du Front National, en s’attachant à relater un fait divers sordide (le meurtre d’un Arabe, jeté d’un train en marche par une bande de xénophobes à l’idéologie douteuse). Moyennement bien reçu par la critique, mais accueilli plutôt favorablement par un public curieux, le film sonde les mentalités rurales d’une France profonde face au changement de couleurs d’un pays devenu moins blanc, enfin décidé à intégrer les fils d’immigrés, les fameux beurs.
Hanin, dans la révolte, revient derrière la caméra pour jouer la carte du polar choc engagé (la scène monstrueuse du meurtre du maghrébin juxtaposée à l’assaut contre la seule passagère à ouvrir sa gueule, interprétée par Christine Pascal ; les dialogues racistes scandaleux – écrits par l’excellent Jean Curtelin). Si la réalisation manque d’énervement et préfigure le polar télé dont le cinéaste se fera plus tard le chantre via Navarro, un genre télévisuel qui réussira si bien à deux des comédiens principaux (Robin Renucci et Gérard Klein, parfaits dans le rôle de pourris sournois), Hanin sait captiver son public en mettant à la lumière du jour les pensées politiquement incorrectes d’une population conservatrice et l’on ne peut que partager sa révolte. Cependant, on notera tout de même le manque de nuance dans sa représentation – un notable néonazi (les Mein Kampf trouvés dans son bureau) et ses acolytes. Hanin préfère s’attaquer à un symbole, plutôt qu’au racisme latent, le plus néfaste, présent quotidiennement dans les discours de marché et les blagues xénophobes douteuses d’une partie de la population, pas forcément nazie, mais tout à fait condamnable.
Reflet d’une France en pleine évolution, en proie au chômage et donc à la victimisation face à la sempiternelle menace de l’étranger, Train d’enfer regorge de bonnes intentions et, de par sa réalisation transparente parvient au moins à éviter les fautes de goût esthétiques et musicales d’une époque pauvre en idées cinématographiques, surtout dans le domaine du thriller français. Alors qu’Yves Boisset était sur le déclin (Train d’enfer est sorti entre Canicule et Bleu d’enfer) et que le polar urbain à la Missiaen était en quête d’une nouveau souffle (on se souvient des navetons distribués à la même époque comme Tir à vue avec Sandrine Bonnaire, ou encore Blessures de Michel Gérard avec Florent Pagny), cette réalisation de Roger Hanin se découvre encore aujourd’hui, vingt-quatre ans après sa sortie, avec une curiosité sociologique à l’égard d’une France que le cinéaste (cf. les suppléments) aurait aimer voir se développer autrement que dans une arborescence de haines à tous les niveaux de la société et des communautés.

avoir-alire.com

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