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L’homme s’est construit une place durable dans l’histoire de la science et de la pensée. Il a laissé aussi derrière lui une part de mystère. Une exposition richement documentée, à Paris, propose de lever le voile.

C’est un masque blanc, qui trône en majesté à la fin de l’exposition. Il permet de distinguer de façon remarquable les traits du visage de Pascal : un front haut, un nez fort… Ce moulage a été pris sur son lit de mort, en 1662, à la demande de sa famille. Il symbolise, bien sûr, la fin d’un scientifique qui marqua son temps, inventeur de génie, tout à la fois mathématicien et philosophe de talent.

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« Dès que mon frère fut en âge qu’on lui pût parler, il donna des marques d’un esprit tout extraordinaire par les petites réparties qu’il faisait tout à propos, mais encore plus par des questions sur la nature des choses, qui surprenaient tout le monde. » Peu de temps après la mort de Blaise Pascal, sa sœur Gilberte prend ainsi la plume pour décrire l’étonnante précocité de son frère.

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La famille a quitté l’Auvergne pour Paris en 1631, et son père l’introduit dans les cercles de mathématiciens qu’il fréquente alors. Le jeune Pascal fait montre de ses prédispositions et, au fil des ans, de travaux scientifiques en inventions, il va s’imposer comme un savant aussi précoce qu’écouté.

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Ce génie de Pascal est aujourd’hui connu. Ce qui l’est moins, en revanche […], c’est la capacité de l’homme à s’intégrer aux affaires de son siècle et l’importance des relations sociales dans son parcours.[…] Il fréquente ainsi assidûment les salons aristocratiques au début des années 1650. C’est là qu’il va, par le jeu des relations, s’engager dans des projets novateurs (asséchement d’une partie du marais poitevin, création du premier réseau de transports en commun parisien). « Il avait une volonté d’améliorer le monde dans une œuvre d’innovateur technologique », confirme le commissaire de l’exposition.

Cette implication dans les affaires de son temps trouve d’ailleurs son point d’orgue dans la rédaction des Provinciales. Pascal se saisit là d’une « question qui, à l’époque, était d’une actualité brûlante », rappelle Jean-Marc Chatelain : le débat sur la grâce et la liberté de l’homme dans l’œuvre de son salut. Proche du courant janséniste, l’auteur va alors « faire de cette polémique théologique un chef-d’œuvre littéraire. »

Mais c’est derrière un masque qu’il agit : Pascal écrit ces lettres sous le pseudonyme Louis de Montalte. La technique sera la même, en 1659, lors de la parution de sa dernière œuvre scientifique dans laquelle il jette les bases du calcul intégral : les Lettres de A. Dettonville, Amos Dettonville n’étant autre que l’anagramme de Louis de Montalte.

Cette difficulté à saisir Pascal est finalement symbolisée par son œuvre majeure : Les Pensées. Une œuvre inachevée, faite de multiples morceaux de papiers que famille et éditeurs ont tenté de réorganiser après sa mort. Pascal n’avait en effet laissé aucune instruction quant à l’organisation de cette apologie de la religion chrétienne.

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Pascal, le coeur & la raison, exposition à la BnF, site François-Mitterrand, Paris, jusqu’au 29 janvier 2017, du mardi au samedi de 10 heures à 19 heures, dimanche de 13 heures à 19 heures, fermé lundi et jours fériés. Entrée : 9 € et 7 € (réduit).

 

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