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Un référendum est prévu en Côte d’Ivoire dimanche 30 octobre pour l’adoption d’une nouvelles constitution qui supprime le concept «d’ivoirité». Son adoption sera une formalité, l’opposition ayant appelé à le boycotter.

Depuis deux décennies, la Côte d’Ivoire a vécu une crise de succession entre ses trois principaux chefs politiques – Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié – qui s’est muée en une crise identitaire forgée sur un concept : l’« ivoirité ». Cette variante de « la préférence nationale » dans un pays où le quart de la population est étranger aura servi à marginaliser les immigrés venus de toute l’Afrique de l’Ouest, mais aussi les communautés du nord de la Côte d’Ivoire. L’actuel président en fut la première victime politique, empêché de se présenter aux élections de 1995 et de 2000 pour cause de «nationalité douteuse».

En cas d’adoption de la nouvelle Constitution, un futur candidat à la présidentielle devra être « exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ». Exit donc, le très polémique article 35 de l’actuelle Loi fondamentale qui stipule que les ascendants de celui-ci doivent être tous deux ivoiriens d’origine. «Tant que des dispositions scélérates sont encore en vigueur, nous ne pouvons pas nous ancrer dans la modernité. Cette nouvelle Constitution sera un catalyseur de la réconciliation, le socle sur lequel la Côte d’Ivoire va se débarrasser de ses problèmes identitaires», prophétise le ministre Ally Coulibaly. […]

L’opposition, scindée schématiquement en deux depuis le transfert de Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale, s’est saisie de ce référendum pour retrouver un peu d’unité. Appelant à un boycott du vote de dimanche, elle dénonce, à l’instar de Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien, « un acte de trahison, car le président de la République n’avait pas le droit d’abroger la Constitution actuelle. Pour Alassane Ouattara, la seule justification à cette forfaiture est le verrouillage de sa succession et la mainmise de son clan sur le pouvoir».

Le Monde

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