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Témoignage : pour tenter de s’en sortir, Sylvie Bonel, 47 ans, cumule plusieurs boulots. Dont dame-pipi dans une discothèque près de Guéret, dans la Creuse.Elle travaille deux à trois nuits et un jour par semaine pour 1 128 euros par mois.

Quand je vois ces mêmes hommes politiques revenir tous les cinq ans nous faire leurs mêmes promesses et prétendre parler en notre nom, nous, la France oubliée, j’aimerais leur dire de venir passer un mois dans nos vies. Je ne suis pas sûre qu’ils tiendraient un mois au smic.

Je ne me plains pas ! Je sais que certains travaillent plus dur encore. Quant aux aides, je préfère ne pas en demander : ni CAF ni rentrée scolaire, rien du tout. Je ne veux plus être redevable à qui que ce soit, ni aux banques ni à l’Etat. Je me sens plus sereine comme ça.

« Tout ce que je veux, c’est rembourser mes dettes et offrir une belle vie à mon fils »


Tout ce que je peux prendre comme travail, je le prends. Voilà pourquoi j’ai postulé pour être dame pipi à la boîte de nuit qui s’ouvrait cet été près de Guéret, où je vis, chez ma mère. Pour quasiment le même salaire que dans l’entreprise de déstockage où je bossais avant, soit 1 128 euros, je travaille seulement deux à trois nuits et un jour par semaine. Ça me permet de cumuler avec d’autres petits boulots : je garde une personne âgée tous les jeudis soirs, ça me rapporte 100 euros de plus par mois, et je fais des ménages tous les jours. Je prends tout ce qui se présente. Je pourrais faire plus de quarante heures par semaine, travailler non-stop matin, midi et soir. Tout ce que je veux, c’est rembourser mes dettes et offrir une belle vie à mon fils de 13 ans. Et j’y crois.
Si tout va bien, j’aurai fini de rembourser l’un de mes trois crédits à la ­consommation en mai 2017. Ce sera une première victoire, 139 euros de moins sur les 500 qui partent chaque mois depuis presque deux ans, soit près de la moitié de mon salaire. J’ai environ 21 000 euros à rembourser en tout. C’est pour mon ex-conjoint, le père de mon fils, que je les avais empruntés à ma banque. C’est moi qui signais à chaque fois. Par amour, on va dire. Ou par aveuglement. […] Le jour où j’en aurai fini avec mes dettes, ce sera ma victoire. Qui sait, peut-être qu’un jour j’arriverai même à mettre de l’argent de côté et qu’on pourra partir en vacances, quelque part au soleil. […] Le Monde

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