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C’est une histoire dramatique qui le devient encore davantage. Le 21 février 2013, vers 5 h 30, Malaminne Traoré, 22 ans, au volant d’une Range Rover de grosse cylindrée, et Mehdi B., 20 ans, assis sur le siège passager, percutent à plus de 150 km/h sur le périphérique parisien une voiture de la BAC nuit. Le véhicule est projeté « comme une toupie » sur le bitume, dira un témoin, à 71 mètres du point d’impact. Le choc est d’une violence inouïe. Deux policiers meurent sur le coup. Un troisième est grièvement blessé et immédiatement transporté à l’hôpital.

Malaminne Traoré et Mehdi B. sont placés en garde à vue. Les deux hommes expliquent qu’ils sortaient de boîte de nuit, le Madam, dans le secteur des Champs-Élysées, au moment où une voiture de police a voulu les contrôler. Ivres et sans permis de conduire, ils prennent alors la fuite et s’engagent à vive allure sur le périph parisien. Ils ont bu une bouteille de vodka. La suite est assez floue, mais alors que Traoré tente de semer ses poursuivants, Mehdi B. appelle une amie et lui laisse un message sur son répondeur. Entre les bruits de moteur et de sirène, on distingue quelques mots prononcés en arrière-plan par Traoré : « Je m’arrête pas. J’ai pas le permis. »

« Je m’arrête pas, j’ai pas le permis »

Interrogé en garde à vue puis par le juge, Traoré couvre son ami et affirme que Mehdi lui a demandé de s’arrêter et de se rendre. Selon les expertises approfondies menées sur le message audio, les enquêteurs croient au contraire entendre Mehdi donner des indications au conducteur pour échapper à la police. Rien n’a cependant pu être prouvé, tant la qualité du message était mauvaise. De même, les investigations n’ont pas démontré, selon le juge d’instruction, que Malaminne Traoré voulait tuer les policiers. Si son intention était bel et bien « de franchir tout obstacle pouvant l’empêcher de parvenir à ses fins y compris en prenant le risque délibéré d’occasionner des accidents et d’attenter à la vie d’autrui (…) ces éléments ne peuvent suffire à caractériser l’intention de tuer », peut-on lire dans l’ordonnance de renvoi signée le 7 mai 2015 par la juge.

Traoré n’est renvoyé devant les assises que pour violences ayant entraîné la mort, sans intention de la donner. La décision provoque la colère des policiers. Mehdi B., lui, échappe à tout renvoi devant la cour d’assises et n’est renvoyé devant le tribunal correctionnel que pour des faits de trafic de stupéfiants. L’étude de sa téléphonie avait en effet montré qu’il livrait régulièrement du cannabis et de la cocaïne en scooter. De la drogue avait été retrouvée à son domicile. Placé en détention provisoire le 23 février 2013, il sort de prison sept mois plus tard, le 30 septembre.

Mehdi B., en cavale pendant un mois

Mehdi B. ne refera parler de lui que le 21 août 2016. Ce jour-là, à 6 h 40, une jeune femme est percutée par une voiture et est projetée à plusieurs mètres sur le trottoir. Le conducteur prend la fuite et laisse la voiture en plan. Le pare-brise est fendu et l’aile gauche enfoncée, ce qui témoigne de la violence du choc. La jeune femme est transportée à l’hôpital, le visage et le nez fracturés, des plaies apparentes sur le crâne. Rapidement retrouvé par la brigade des accidents et des délits routiers (BADR) du 13e arrondissement de Paris, le propriétaire de la voiture jure n’avoir rien à voir là-dedans et dit l’avoir prêtée à un certain… Mehdi B.

Le délinquant reste introuvable et est finalement placé en garde à vue le 19 septembre 2016, après une cavale d’un mois. Mehdi B. avoue tout et dit s’être caché en raison du traumatisme subi par les mois de détention provisoire après la mort des deux policiers… Contactée, une source judiciaire indique qu’il a aussitôt été jugé en comparution immédiate et condamné à trois ans de prison, dont deux ans assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve (SME). Il est actuellement derrière les barreaux. Malaminne Traoré, lui, sera jugé aux assises en novembre prochain. À L’époque des faits, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, avait dit « ne pas douter un seul instant que la justice sera sévère, impitoyable ».

Le Point

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