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Mardi 4 octobre, il ne restait plus rien du livret pédagogique distribué au Musée du Quai Branly la veille, lors du vernissage de l’exposition « The Color Line ».

[…] Dès la première page du livret, on pouvait lire au sujet des esclaves noirs aux Etats-Unis : « La plupart d’entre eux avaient été vendus par des Africains à des Européens puis emmenés en Amérique pour travailler. Ce commerce va durer du XVIIe siècle au XIXe siècle. Certains étaient très malheureux et maltraités, alors que d’autres avaient une vie plus agréable. »

Traduit en anglais sur la version américaine du site Afropunk, le billet fait le tour des réseaux sociaux. Pour Lou Constant-Desportes, ce texte, affirmant que les Africains ont participé au trafic d’esclave, reprend un argumentaire très en vogue dans certains cercles politiques français qui tend à minimiser le rôle des Européens dans l’esclavage. « Je ne sais pas si c’est intentionnel, nous a-t-il expliqué. Mais ce n’est pas anodin. D’autant plus que juste après, on nous dit que certains esclaves avaient une vie agréable. La combinaison des deux affirmations est douteuse. Il manque aussi les termes d’oppression, de déracinement, de traumatisme. » […]

Un des porte-parole du musée nous explique en fin de journée mercredi que, dès le soir du vernissage, des collaborateurs du musée ont également remarqué les formules malheureuses du livret et que son équipe a pris la décision de le retirer et d’en imprimer une nouvelle version. […]

Au Quai Branly, on dit avoir pris en compte les remarques de Lou Constant-Desportes pour la nouvelle version du livret. « Nous-mêmes, nous sommes dans un positionnement de service public. Nous devons faire attention à ce que nous disons, à ne pas prendre position sur des sujets actuels mais à vraiment parler de l’histoire des Africains-Américains et de la ségrégation aux Etats-Unis. Qu’une exposition comme “The Color Line” ne fasse pas débat dans la France d’aujourd’hui semble impossible : parler de l’histoire de l’esclavage aux Etats-Unis, c’est parler de l’esclavage tout court ; évoquer la ségrégation aux Etats-Unis, c’est mettre en lumière les discriminations raciales et les luttes pour l’égalité qui ont toujours lieu à travers le monde. » […]

Le Monde

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