Fdesouche

Les réactions de contestation du Brexit s’apparentent à la «révolte des élites» théorisée par l’historien et sociologue Christopher Laschv. Ces élites vivent dans leur isolement du reste du peuple, estime le professeur Jacques de Saint Victor, historien du droit et professeur des Universités (Paris XIII/CNAM).
[…] Le grand penseur anglais, Christopher Lasch […] notait que ce sont aujourd’hui les élites, et non plus les masses, qui vivent dans un splendide isolement, satisfaites d’elles-mêmes, rejetant tout ce qui échappe à leur bien-être personnel, coupées des réalités du monde commun qui les entoure. C’est la solidarité des surclasses globales qui, de Londres à Singapour ou Paris, sont indifférentes au sort de leurs voisins locaux. Elles ont développé une sorte d’irresponsabilité et d’immaturité qui les prive de toute forme de «sensibilité pour les grands devoirs historiques», disait déjà Lasch.
Lorsqu’elles sont confrontées à un retour brutal du réel, comme le résultat d’une consultation démocratique, elles n’hésitent pas à se déclarer contre la démocratie. Lasch soulignait d’ailleurs ce déclin du discours démocratique chez des «élites qui ne font que se parler à elles-mêmes». […]
(La direction politique de la Commission européenne)
Peut-on y voir la marque d’un refus du jeu démocratique ? La «construction européenne» est-elle, pour certains, supérieure à l’expression de la volonté populaire ?
C’est vrai et c’est un élément, parmi d’autres, dans cette réaction anti-démocratique. L’Europe a échappé au discours historique. C’est une sorte de nouvelle religion laïque qui n’est plus fondée sur un socle réel mais sur un système de croyance. Etre eurosceptique relève pour certains d’un crime de lèse-majesté. Cela échappe au débat démocratique. Dans certains cercles, on est pour l’UE ou on est pour l’UE. Un point c’est tout. «Bruxelles a toujours raison». Cet unanimisme antidémocratique est aux origines mêmes des dérives du processus. […] Le pacte démocratique, qui semble sans cesse remis en cause, est-il devenu obsolète en Europe ?
C’est une question très grave et, heureusement, encore prématurée. Mais il est vrai qu’il y a là quelques signes avant-coureurs. Tout régime repose sur un postulat. On connaissait celui de la monarchie de droit divin. Le roi tirait son pouvoir de Dieu et parlait pour la nation. Quand en 1789, même les porte-paroles du parti aristocrate ne défendaient plus le droit divin, parlant de «faux principe», on pouvait se douter que les heures de ce régime étaient comptées. […] Le Figaro

Fdesouche sur les réseaux sociaux