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Depuis l’assassinat d’un couple à Magnanville (Yvelines) le 13 juin, cinq hommages ont été prononcés. Article du Monde sur les “fractures françaises”.

En manière d’apaisement, la première mesure du gouvernement a en effet été d’autoriser les policiers à rentrer chez eux avec leur arme. « On redoute les bavures dans les mois prochains », soupire un responsable politique.

Deux dames discutent à la sortie de l’école. L’une lance, comme on affirme une évidence : « On va vers une guerre civile ». L’autre tempère.

Chacun son hommage, chacun de son côté, les policiers, les politiques ou les mosquées, comme s’il n’était plus possible soudain de faire un de ces grands rassemblements qu’affectionnent tant les Français.

Magnanville, une sorte « d’anti-Charlie » en somme, qui dévoile un an après les premiers attentats, un nouveau visage du pays. Les mêmes mots sont prononcés pourtant, à chacun de ces hommages, on parle de « peur » et de « solidarité », « d’amour » et de « lassitude ». Mais ils ne soudent plus, ils divisent. On n’y vient pas pour partager, mais se différencier. «La guerre est dans les têtes», dit Yazid Kherfi, conseiller en médiation à Mantes-la-Jolie, où vivait Larossi Abballa, le meurtrier. Retour sur quatre de ces rassemblements. […]

C’est vers le haut de la colline que le meurtre a eu lieu, dans une allée de pavillons presque semblables : haies sages, pelouses tracées au carré, voitures garées juste devant. A vrai dire, tout le village a cette allure de quartier résidentiel, damier de lotissements sans commerces, ni centre-bourg, «un décor de desperate housewife à la française», dit Martine, responsable de la sécurité dans une entreprise. […]

Ça et là, des drapeaux français flottent aux fenêtres. « Il y a quelques années, j’étais le seul à le mettre », dit Paul, lieutenant-colonel à la retraite. Comme beaucoup, il a déménagé du Val-Fourré, le quartier HLM de Mantes-la-Jolie. Certains veulent surtout devenir propriétaires, parcours classique. D’autres s’enfuient.

« J’avais été cambriolé treize fois, poursuit Paul. Un jour, je me suis énervé contre un gamin et j’ai pensé : il ne faudrait pas que je fasse une bêtise. » […]

Il y a deux semaines, quatre petits immeubles ont été inaugurés un peu plus bas : ils sont rares à Magnanville, 6 000 habitants, 65 % en pavillons. L’un comprend des logements sociaux. Des propriétaires ont déjà demandé qu’ils soient séparés des autres par une clôture. « Il faut une protection, ils vont faire n’importe quoi, c’est sûr ». « Tout s’est mis à faire barrière », dit André Sylvestre, ancien instituteur qui fut maire (PS) pendant trente ans. […]

Le Monde

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