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Dans sa relation avec les musulmans, le président russe souffle le chaud et le froid. Quelle stratégie cache-t-il derrière cette ambivalence ?
Au moment où le président russe Vladimir Poutine intensifie les bombardements en Syrie contre des forces d’opposition largement sunnites et où le patriarche de Moscou, Cyrille, donne sa bénédiction publique à une opération visant à protéger les chrétiens d’Orient contre un « génocide » perpétré par des forces musulmanes, faut-il considérer la Russie comme le rempart de l’Europe chrétienne contre l’islam armé venu du Moyen-Orient ?
Les allures de croisade que revêt l’opération russe en Syrie ne doivent pas faire illusion : la Russie est, depuis des siècles une terre d’Islam. Le président russe a en fait une attitude profondément pragmatique envers ses 20 millions de concitoyens musulmans et ses partenaires islamiques au Moyen-Orient.

(…) C’est que, la Russie fait la différence entre ses ennemis « extrémistes » (salafistes et whabites) et ses alliés « fondamentalistes », selon la distinction de l’ancien Premier ministre Primakov. Elle a même, depuis 2005, le statut de membre observateur de l’organisation de la conférence islamique (OCI) ! Les tensions avec les puissances sunnites pro-occidentales sont contrebalancées par les liens avec Téhéran, Damas et Le Caire. Et, en Tchétchénie, la présidence Poutine soutient le régime de Kadyrov qui revendique un retour marqué à l’Islam.
Qu’on ne s’y donc pas : la guerre de religion entre la Russie et l’Islam est un trompe-l’œil tactique destiné tout à la fois à justifier l’intervention russe en Syrie, à rallier à la Russie certains Etats-membres européens de l’est et … à préparer les élections présidentielles russes de 2018.

Les Echos

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