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Sociologue et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess), Farad Khosrokhavar, né à Téhéran, affirme qu’il existe plusieurs façons de porter le foulard islamique en France et souligne les effets contre-productifs de l’interdiction du port du voile. Il regrette que l’on ait “choisi de diaboliser le foulard islamique” évoque la notion de “voile modéré”…

Combien de femmes portent le voile intégral aujourd’hui en France ?

On ne le sait pas puisque ces enquêtes statistiques sont interdites. Nous savons en revanche que le port du voile intégral s’étend dans toute l’Europe, pas seulement en France. Il n’est donc pas uniquement une réaction à la crispation autour de la laïcité.

Que voulez-vous dire ?

Les lois interdisant tout port de signe religieux à l’école et dans les services publics ont vingt ans. Or je crains qu’elles n’aient pas eu que de bons côtés. En voulant déceler dans chaque foulard un signe de fondamentalisme, les autorités ont rigidifié le débat.

Il est devenu impossible pour des femmes de confession musulmane de porter un foulard modéré, un foulard qui signifie pour elles quelque chose dans leur rapport à Dieu, tant ce tissu est aussitôt assimilé à une régression hyperfondamentaliste.

Mettre dans le même sac tous les foulards, c’est donner un sens « intégriste » à l’ensemble alors que nombre de femmes le portent dans un sens non fondamentaliste.

Connaît-on les motivations des Françaises qui portent le voile intégral ?

C’est diversifié. Il y a là un phénomène religieux, politique et identitaire. […]

Je suis personnellement pour le maintien de l’intégrité de l’espace public, mais de même que l’on a admis les homosexuels, malgré leurs particularismes, les malentendants, malgré la langue des signes, et les femmes, en leur accordant bien tardivement le droit de vote, dans cet espace sans en casser les ressorts, on peut y admettre aussi le voile modéré sans remettre en cause les fondamentaux de la laïcité.

Le Point

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