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Editorial de Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire catholique La Vie, sur la progression du Front national. Il est intitulé “Face au Front national”

Comment éviter que le Front national ne triomphe dimanche prochain ? J’allais dire, comme monsieur de La Palice, qu’il suffit de voter pour une autre liste.

Peu importent, au fond, les consignes des états-majors. En dernière analyse, comme dans tous les scrutins, ce sont les électeurs qui décident. Ils ont tout loisir d’appliquer un principe simple et incontestablement républicain : refuser la logique infernale des triangulaires, cette règle qui n’a justement aucune logique. Si le Front national fait la course en tête, il suffit de choisir la liste arrivée en seconde position au premier tour, qu’elle soit de gauche ou de droite. Rappelons que deux tiers des Français refusent la lepénisation de la vie publique. […]

Mais cette réponse ne vaut que pour le court terme. Le FN est l’expression d’un mal existentiel qui ronge les catégories populaires et les classes moyennes. On a souvent observé ici qu’elles ont quelques raisons de se sentir sous-représentées, méprisées, voire abandonnées par les élites politiques, médiatiques et économiques. Moins les électeurs ont fait d’études, moins ils sont intégrés à la mondialisation et épanouis culturellement, plus ils ont tendance à voter pour l’extrême droite, quand ils votent encore. […]

Vérolés et verrouillés, les appareils politiques classiques sont en retard sur la société civile, ils ont peur des jeunes, ils s’accrochent à des modèles idéologiques exténués ou sombrent dans le cynisme. Il faut tout reprendre. […]

Pour les chrétiens, l’écoute des préceptes évangéliques doit continuer à servir de boussole. […]

Pourtant, un nombre croissant de catholiques se laissent séduire par ce que j’ai appelé l’identitarisme, indifférents au fait que le FN est un parti aux racines soit païennes soit maurrassiennes.

On a besoin de chrétiens engagés ouvertement dans les vieux partis pour les régénérer. Ils devront y faire entendre non seulement la cause de la famille (à droite) ou celle des droits de l’homme (à gauche), mais aussi et surtout la voix de ceux qui sont ou se sentent oubliés. J’ai conscience d’écrire cela au pire moment, quand la politique décourage. Mais je ne vois pas de meilleure réponse, ni de plus rapide. […]

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