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Tribune libre de Paysan Savoyard
La foule des grandes villes n’a pas du tout réagi aux attentats qui viennent de se produire comme elle l’avait fait après ceux de janvier. Les attentats contre Charlie et l’Hypercacher avaient donné lieu à un déluge de manifestations, de déclarations, de proclamations, d’envolées verbales et de slogans : « Nous n’avons pas peur. Ils ne nous intimideront pas. Nous sommes tous Charlie… ». Tout le monde y était allé de son Sms, de sa pancarte ou de son affichette « Je suis Charlie ». De très importantes manifestations avaient eu lieu dans de nombreuses villes. Il n’était question que de Charlie dans les conversations. Et tout cela avait duré des semaines.

Rien de tel cette fois. Le gouvernement a interdit les manifestations pour des raisons de sécurité et les quelques rassemblements qui ont eu lieu quand même n’ont réuni que quelques centaines de participants. Ni slogans, ni affichettes, ni Sms « de résistance » à faire passer en chaîne. Pas de déclarations bien senties ou de proclamations bravaches. Pas de queue devant les kiosques pour pouvoir arborer Charlie sur la table du salon. Pas de logorrhée comme en janvier. Cette fois-ci les conversations de café ou à de cantine évitent soigneusement le sujet.
L’état d’esprit des Français de la rue s’est spectaculairement modifié. Plus de grands discours cette fois. Plus de bavardage. Cette fois ce qui domine c’est le silence. Que s’est-il passé ? Pourquoi cette différence de réaction ?

  • Le silence des bobos

Première raison. Les attentats ont touché directement et massivement les « bobos », les jeunes bourgeois de gauche. Ce sont eux qui au moment de Charlie étaient les plus bavards, les plus militants, les plus impliqués dans les manifs, les plus inventifs, les plus créatifs. Ce sont eux qui sont les plus favorables au “vivre ensemble”, à la diversité, à la société multiculturelle, à l’accueil de l’Autre. Cette fois-ci ils sont muets. Les attentats ont bousculé leurs convictions et les ont déstabilisés.
Déjà, en manifestant massivement en janvier, les Charlie exprimaient avant tout, en réalité, leur peur de voir remis en cause à la fois leurs convictions universalistes et leur mode de vie (voir ici). Avec le 13 novembre, la peur s’enracine et provoque le silence.
Le régime continue certes à dérouler sa propagande. On nous appelle comme d’habitude à ne pas faire d’amalgame entre terroristes et musulmans ; à bien vouloir admettre que les attentats n’ont rien à voir avec l’immigration ; à reconnaître les responsabilités de la société française, qui ne se montre pas assez accueillante et ouverte envers la diversité. Mais les bobos sont moins enthousiastes que d’habitude à reprendre à leur compte et à relayer la propagande bien-pensante.
Les bobos probablement reprendront la parole bruyamment dans quelques temps : il faudra encore beaucoup d’attentats avant qu’ils n’ouvrent les yeux. Mais pour l’heure, comme sidérés, ils se taisent.

  • Le silence de la défiance

Le silence qui suit les attentats a une deuxième explication : la défiance. Les gens de la rue ont pris conscience, davantage qu’avant le 13 novembre manifestement, que les terroristes potentiels et ceux qui les soutiennent sont très nombreux. On parle de 10.000 islamistes radicaux fichés. Chacun voit bien que les visages des terroristes publiés dans les journaux sont très semblables à ceux que l’on côtoie par milliers dans les transports, très semblables également à ceux de certains chauffeurs de bus, de vigiles de supermarché ou de flics de la Ratp.
De même, au vu du nombre des femmes voilées et des barbus salafistes que l’on croise dans la rue, chacun est amené également à se demander dans quelle mesure les immigrés qui nous entourent ne sont pas plus ou moins d’accord avec les terroristes. Dans ce contexte on peut penser que la plupart des gens vont désormais éviter les sujets de conversation sensibles, de peur de provoquer des réactions hostiles de la part de ces “Français” originaires d’outre méditerranée.

  • Le silence de la résignation

Ce silence a une troisième explication, la plus importante : les François sont désormais résignés. Ils ont maintenant le sentiment que l’on ne parviendra pas à éradiquer l’islamisme ; que manifestement l’islamisme implique un grand nombre d’acteurs ; qu’il faudra accepter désormais la survenance régulière d’attentats. Et chacun s’y résigne. Comme on s’est résigné à vivre depuis des décennies avec la délinquance de masse.
Ce sentiment de résignation explique qu’il n’y ait eu aucune panique ni changement radical de comportement. La fréquentation touristique baissera sûrement. Mais les parisiens et les habitants des grandes villes n’ont pas changé grand-chose à leur vie quotidienne, continuant à vivre comme avant, à fréquenter les centres commerciaux, à prendre les transports, à s’asseoir aux terrasses. Et ils continueront à le faire, alors qu’ils savent depuis le 13 novembre que le risque est désormais non négligeable.
Cette attitude peut-elle être considérée comme du stoïcisme voire de l’héroïsme collectif ? En aucune manière. Au contraire elle est le signe le plus évident de la résignation générale. Résignation et fatalisme. Les Français n’ayant aucune envie de révolutionner leur mode de vie, d’arrêter de travailler, de consommer et de prendre les transports en commun, ils ont admis qu’il leur faudrait désormais vivre avec le risque d’attentats. Se disant qu’après tout, la probabilité d’être victime d’un attentat reste tout de même bien moindre que le risque de mourir d’un cancer, ils n’ont même pas accusé le coup en restant terrés chez eux quelques jours, intégrant immédiatement la nouvelle donne.
On aurait pu imaginer également que les attentats massifs du 13 novembre provoquent colère et révolte. Rien de tel là encore. Pas de colère ouverte ni de révolte contre les musulmans et les immigrés. Et pour cause : les Français ont peur des immigrés et leur sont soumis d’avance comme le prophétise Houellebecq.
Pas de révolte non plus contre les autorités, malgré leur incompétence, leur laxisme et leur inefficacité, que les attentats mettent en pleine lumière. Pas de colère contre la classe dirigeante, en dépit de sa responsabilité directe dans l’immigration, cause première du terrorisme. Au contraire, les sondages remontent pour l’exécutif, comme déjà en janvier, même s’ils retomberont probablement ensuite.
Ni colère ni révolte donc. Pourquoi ? Eh bien parce que colère et révolte supposeraient d’être prêts à engager une confrontation directe avec les autorités d’une part, avec les immigrés d’autre part, confrontation susceptible de déboucher sur une guerre civile véritable et sur le chaos. Les Français, manifestement, et comment les en blâmer, refusent massivement cette option. Ils préfèrent choisir une dégradation de la situation, certaine mais progressive, en espérant à titre individuel tirer leur épingle du jeu pendant encore un certain temps.
Le choix d’une confrontation globale avec les immigrés et avec ces dirigeants qui nous trahissent pourrait être motivé par la volonté de défendre et de sauvegarder  la pérennité de la civilisation européenne et de l’identité française. Mais les Français ne sont plus attachés ni à l’une ni à l’autre. Nourris par deux cents ans de modernité individualiste, ils ne se soucient plus que de maintenir leur situation personnelle. Lancer une Reconquista au nom d’objectifs collectifs, incertains et de long terme pourrait à court terme faire basculer le pays dans la guerre et le chaos. Les Français ont choisi de procéder plutôt  à un calcul individuel rationnel : profiter de ce qu’ils possèdent encore pour la plupart –  bien être matériel satisfaisant, sécurité à peu près maintenue – en espérant le conserver quelques décennies encore.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la majorité des Français ne sont pas prêts à porter le FN au pouvoir, même si beaucoup en réalité partagent ses analyses sur l’immigration et l’insécurité. Ils craignent en effet que la victoire de ce parti ne débouche sur la confrontation globale qu’ils veulent à tout prix éviter.
Les enquêtes d’opinion montrent depuis longtemps que les Français sont collectivement très pessimistes, les plus pessimistes du monde occidental. Ils sont également par rapport aux peuples voisins les plus gros consommateurs de tranquillisants et de psychotropes divers. Les attentats et la résignation qu’ils provoquent vont sans aucun doute dégrader encore un peu plus le moral du Français de la rue.

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Les Français savent maintenant qu’ils devront vivre avec les attentats, comme ils vivent depuis quarante ans avec la délinquance de masse. Ils savent que la France et l’Europe sont en train d’être envahies. Que l’une et l’autre auront bientôt perdu leur identité. Que les peuples européens deviendront minoritaires dans leur propres pays avant qu’il soit longtemps. Qu’ils devront bientôt renoncer à la douceur de vivre. Ils le savent. Et ils l’acceptent.
La fin probable de la civilisation européenne… Confrontés à cette perspective vertigineuse, les Français restent sans réaction. Il n’y a plus que la résignation. Et le silence.
Et bientôt ce sera chacun pour soi.

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