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FIGAROVOX/COLLECTION – Chaque week-end jusqu’à la fin du mois d’août FigaroVox vous offre exceptionnellement un entretien réservé aux abonnés Premium. Cette semaine Jean-Pierre Chevènement qui nous donne une leçon de géopolitique. Deuxième partie.

Le 3 juillet dernier juste après les attentats Saint-Quentin-Fallavier, l‘ancien ministre de l’Intérieur et de la Défense confiait à FigaroVox sa vision très gaulliste de la politique étrangère.

Pour le Che , il ne faut pas se tromper d’ennemi: la menace pour l’Europe n’est pas la Russie, mais Daech. (…)

Quelques mois seulement après les attentats de janvier, la France a une nouvelle fois été victime du terrorisme. Avons-nous sous-estimé la menace?

Elle était tout à fait prévisible. J’ai dit à l’époque au président de la République que nous allions avoir devant nous des décennies de terrorisme. (…) Ils veulent le choc des civilisations, mais nous ne devons pas tomber dans ce piège. Il faut assécher le terreau sur lequel le terrorisme djihadiste se développe. (…) Mais il faut rejeter par avance toute culture de l’excuse!

Manuel Valls a donc eu tort d’utiliser le terme de choc de civilisation …

Il faudrait lui donner le temps de s’expliquer. (…) Mais la menace de ruptures majeures pour la France vient incontestablement non pas de l’Est, mais du Sud, notamment pour des raisons démographiques. Dans l’Afrique subsahélienne, il existe des pays dont le taux de fécondité va jusqu’à sept enfants par femme. Il sera impossible de promouvoir le développement dans ces pays s’ils ne font pas l’effort de se responsabiliser et si les religions ne nous y aident pas. (…)

Notre pays est en proie à une crise économique et sociale, mais aussi à une crise identitaire profonde. Ce type d’attentat peut-il déstabiliser la société en profondeur?

Nous avons des tensions liées à la situation économique et des tensions qui résultent de la concentration de populations immigrées dans certains quartiers ou dans certaines zones comme la Seine-Saint-Denis ou les quartiers Nord de Marseille. Tout cela témoigne d’une grande cécité historique de la part des pouvoirs publics. (…)

De même pour la Libye. Nous pouvions protéger Benghazi, comme le préconisait le mandat de l’ONU, sans pour autant faire tomber Kadhafi. Nous avons livré la Libye au chaos, comme les Américains l’on fait avec l’Irak. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de voir les migrants déferler sur les côtes italiennes. (…)

Il faut se demander si le mot d’ordre «Bachar doit partir» était bien raisonnable. Nous avons aujourd’hui trois partenaire en lice: le régime de Bachar el-Assad, Daech et al-Nosra, c’est-à-dire Al-Qaïda. Je ne suis pas sûr que l’on doive émettre une préférence pour Daech ou pour al-Nosra. Nous sommes dans une situation où la France devrait jouer les intermédiaires entre un certain nombre de courants démocratiques et le régime de Damas, si déplaisant soit-il. Le régime syrien est un régime brutal et violent, mais qui a au moins le mérite de ne pas chercher à instaurer un Califat, y compris en Seine-Saint-Denis. (…)

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