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Entretien avec Virginie Guiraudon, chercheuse au CNRS et à Sciences-Po Paris qui, alors que la droite alimente les peurs d’un débarquement d’immigrés sur les côtes européennes, réfute la possibilité d’un exode massif et analyse la crise des politiques migratoires.

[…] La crise en Libye alimente 
les craintes d’une arrivée massive 
de migrants en Europe. L’Italie 
parle de 300 000 arrivées. L’extrême droite française brandit le chiffre 
de 1,5 million. Quelle est la véracité de ces chiffres ?

Virginie Guiraudon. Ils sont complètement fantaisistes ! Aujourd’hui, aucune enquête ne permet de dire combien de gens vont émigrer. […]

L’Europe a-t-elle les capacités 
pour absorber un nombre important de migrants sur son territoire ?

Virginie Guiraudon. Oui, parce que, même si l’Europe fait tout pour que ça n’arrive pas, ces scénarios sont déjà envisagés. Il existe des mécanismes d’entraide, comme le Fonds européen pour les réfugiés. Pour le moment, seulement 6 300 Tunisiens sont arrivés à Lampedusa, ce n’est rien ! […]

Comment expliquez-vous 
une telle instrumentalisation 
de ces arrivées en Europe ?

Virginie Guiraudon. Ce n’est pas nouveau, mais de plus en plus de pays sont concernés. L’invasion de l’Europe par bateaux est un fantasme politique très utilisé par les droites européennes. […]

Ces politiques sont-elles efficaces ?

Virginie Guiraudon. Très peu de migrants arrivent par bateaux en Europe, mais la principale conséquence de cette politique est de dévier les flux. Les bateaux militaires et les murs ne font que changer les routes. Maintenant, les migrants passent par la terre, via la Turquie et la Grèce. Avec un effet pervers : ces routes sont dangereuses, avec de plus en plus de morts qui sont ensuite présentés comme des victimes prêtes à mourir pour rejoindre l’Europe. Or, pas du tout : ce ne sont pas des gens désespérés, ils ont un projet de vie construit. Ces flux pourraient être absorbés par le marché du travail. L’Europe va avoir besoin de compenser la baisse de sa population active et elle fait déjà appel à la main-d’œuvre étrangère pour cela, avec des besoins sectoriels assez précis : bâtiment, agriculture et tertiaire. […]

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