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La criminalité organisée du sud de la France a pris, depuis quelques années, un virage inédit, d’après une note de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) en date du 6 juillet que Le Monde a pu consulter. Après un demi-siècle de règne du banditisme « traditionnel » corso-marseillais, puis l’essor, dans les années 2000, du « néobanditisme » des caïds de cités, on assiste désormais à l’émergence d’une nouvelle forme de mafia, selon la DCPJ : le « narcobanditisme » dont les parrains sont essentiellement d’origine maghrébine.

Le concept policier ne relève pas que d’une évolution sémantique : il entérine en fait la victoire des «chefs de clan issus des quartiers» sur le milieu marseillais. «Ce sont eux qui ont le pouvoir » désormais, décrypte la note rédigée par le service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco).

Les trafiquants sont désormais équipés d’armes lourdes. Le blanchiment, quant à lui, s’est systématisé dans les commerces de proximité, les sociétés de voitures de luxe ou l’achat d’appartements éligibles à la location pour personnes modestes « de façon à faire financer les loyers par les prestations sociales ».

Comment les voyous des cités, longtemps réduits à l’image de rois du « go fast », du vol à main armée, du petit trafic d’armes et du deal de cage d’escalier, sont-ils devenus les nouveaux parrains de la côte méditerranéenne ? Tout simplement en nouant des « alliances d’opportunité » avec « une partie des anciens malfaiteurs liés au milieu traditionnel »…. […]

Les anciens maîtrisaient depuis longtemps l’import, les chefs de clan des quartiers détiennent, eux, les clés du supermarché : le territoire français. La demande de cocaïne exploserait aujourd’hui, notamment parmi la clientèle des quartiers populaires. « Les deux milieux sont devenus perméables », résume le Sirasco. […]

Mais la guerre sanglante entre équipes – vingt à vingt-cinq morts par an dans les Bouches-du-Rhône depuis 2008 – et le démantèlement de clans entiers ont fini par « redessiner un paysage », selon les policiers. Et les nouveaux parrains, principalement d’origine maghrébine, diversifient aujourd’hui leurs activités. Ils maîtrisent parfaitement les circuits de blanchiment, placent habilement leurs billes à l’étranger, jusqu’à se positionner directement sur les lieux de production de la drogue : pour l’instant essentiellement au Maghreb pour le cannabis. […]

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