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Laurent Bouvet, directeur de l’Observatoire de la vie politique (Ovipol) à la Fondation Jean-Jaurès, a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Il revient sur l’histoire du Parti socialiste et montre sa lente évolution depuis le congrès d’Epinay en 1971 jusqu’au congrès de Poitiers aujourd’hui. Extraits.

La difficulté, de plus en plus marquée à chaque passage au pouvoir, de contrôler et d’orienter la politique économique vers le progrès social a conduit le PS à devenir de plus en plus un grand parti de l’émancipation «sociétale» des individus, surtout lorsque ceux-ci sont assignés à une «minorité» (de genre, d’orientation sexuelle, d’origine ethno-raciale…).

Dernier problème, mais de taille, l’antiracisme sous cette forme moralisatrice et inefficace a permis à nombre de militants et même à quelques chercheurs en sciences sociales de faire carrière. Il y a donc toute une caste de gardiens du temple pour lesquels la moindre remise en cause, le moindre questionnement, équivaut à l’attaque contre le dogme, et provoque donc de leur part de violentes réactions relayées complaisamment par des médias qui ont eux aussi beaucoup donné dans cet aveuglement.

François Mitterrand au congrès d’Epinay, le 16 juin 1971

Une semaine après le congrès de l’UMP rebaptisé «Les Républicains», le PS se réunit ce week-end à Poitiers. Que faut-il attendre de ce grand raout ?
[…] Le caractère très formel d’un tel exercice renvoie aussi à son caractère de plus en plus dérisoire pour nos concitoyens. Le désintérêt voire la défiance vis-à-vis des partis politiques et des jeux d’appareil, la faiblesse même de la mobilisation des militants socialistes lors du vote des motions ou pour le premier secrétaire qui sont les moments-clef du congrès, témoignent du côté théâtre d’ombres de tout ceci. […] Ce ne sont pas les «réformes» engagées (mariage pour tous, réforme de l’école et du collège, ajustements sur les retraites ou la représentativité syndicale, lois sur le logement ou sur l’économie sociale et solidaire… entre autres exemples) qui peuvent compenser l’absence des changements annoncés. D’autant que l’orientation économique de fond choisie, le fameux «cap», avec le CICE puis le «pacte de responsabilité», apparaît comme une concession nette, sans aucune contrepartie, au libéralisme et à Bruxelles. L’augmentation continue du chômage depuis 2012 venant confirmer l’impression d’une inefficacité de la politique choisie par le président de la République. […] Après le tournant de la rigueur de 1983 et la conversion de la majorité des socialistes au néolibéralisme, François Mitterrand avait fait de l’antiracisme la matrice du PS. Cette idéologie n’est-elle pas épuisée ?
Oui. Et là encore, cela fait un moment. Même si pour certains, elle fonctionne encore comme un moulin à prières que l’on fait tourner sans trop y penser en espérant conjurer la montée en puissance du FN par exemple. […] Source

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