Fdesouche

A 35 ans, le rappeur Youssoupha, né à Kinshasa (Zaïre) sort lundi son nouvel album. Youssoupha évoque les thèmes qui lui sont chers : la diversité (en France), l’identité noire, les attentats de janvier, sa famille…
Votre précédent album s’appelle «Noir Désir», le nouveau évoque la négritude…
En fait, il y a un passif avec le nom «négritude». Lors de la sortie de mon premier album, je voulais déjà l’appeler «Négritude», mais cela a suscité une tension dans mon entourage professionnel. Ils jugeaient que le nom était trop communautariste. Et, dix ans plus tard, alors que j’ai grandi et réalisé un tas de choses, je pensais que ça ne poserait pas de problème. Mais non, toujours les mêmes retours. Finalement, j’ai compris que ce mot fait peur à certaines personnes, alors que l’identité noire est une thématique forte dans mon disque. Et c’est une identité qui a été longtemps stigmatisée en France ou ailleurs.

Aujourd’hui, c’est compliqué d’être noir en France ?
Ce n’est pas encore le bonheur. Et ce n’est pas parce que Omar Sy ou Harry Roselmack figurent dans le classement des personnalités préférées des Français que tout va bien. En 2015, il y a toujours des affiches avec Christiane Taubira et une banane, des remarques limites envers Rokhaya Diallo [journaliste et militante, ndlr], un traitement dans certains procès ou un traitement médiatique particuliers. Toutes ces problématiques restent réelles. Dans l’un de mes morceaux, je dis : «Lorsqu’on boycotte une communauté, elle se lasse.» On demande aux Noirs, aux Maghrébins d’être français, et on veut être français, mais on rencontre toujours des difficultés à l’école, devant la justice ou lorsque l’on cherche un emploi. Et je ne parle même pas de Robert Ménard qui compte les musulmans ou du débat de Nicolas Sarkozy sur l’identité nationale, qui nous a fait beaucoup de mal. […] Libération

Fdesouche sur les réseaux sociaux