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Si l’immigration est le principal sujet de préoccupation des Britanniques, les Conservateurs tout comme les Travaillistes, on fait l’impasse sur la question durant la campagne. Sans doute par crainte de ne pas pouvoir obtenir de résultats selon LaetitiaStrauch-Bonart, chercheuse et journaliste vivant à Londres.
Comme me le confiait un ami britannique, cette campagne électorale aura été l’une des plus ennuyeuses qui soient, mais la plus palpitante eu égard à ses résultats. Nous qui avons l’habitude en France des partis extrêmes ou minoritaires, nous ne réalisons pas à quel point la perspective de sortir de l’apaisant bipartisme peut effrayer les Britanniques.
Pourquoi ennuyeuse? Parce que monotone, au sens littéral: un seul sujet, l’économie, a dominé les débats électoraux. Loin des envolées lyriques de feu la Big society, les Conservateurs ont égrainé leurs impressionnants succès en matière économique – 1,7 million d’emplois ont été créés depuis 2010 – tandis que les Travaillistes ont insisté sur la hausse des inégalités et les services publics.
Or bien d’autres sujets intéressent au plus haut point les Britanniques, à commencer par l’immigration. Selon l’Office for National Statistics, l’immigration nette a atteint 298 000 personnes entre septembre 2013 et septembre 2014, chiffre le plus haut depuis le record de 320 000 en 2005. Selon Ipsos Mori, 49% des Britanniques interrogés en avril 2015 estiment que le pays doit recouvrer un contrôle total sur l’immigration, tandis que 45% du public, selon le March Economist/Ipsos MORI Issues Index, cite l’immigration comme le premier sujet d’importance pour le pays, devant le système de santé (le NHS).
Tous les partis, par conséquent, se devaient d’évoquer l’enjeu de l’immigration dans leurs programmes. […]

Trop évoquer l’immigration aurait été destructeur pour les Conservateurs : ils auraient ainsi rappelé leur échec en la matière, sachant que la satisfaction des électeurs à cet égard se trouve à 12%.


Le Parti travailliste, ayant fini par reconnaître qu’il avait été trop laxiste par le passé en matière d’immigration, propose désormais de durcir les contrôles aux frontières et l’accès aux allocations, tout en rejetant la possibilité d’un référendum. Les Libéraux-Démocrates enfin soutiennent fortement l’immigration qualifiée et restent très attaché à l’UE.
Les partis émergents, de leur côté, sont là où on les attend. Nigel Farage a déclaré intelligemment ne pas vouloir imposer un seuil d’immigration trop arbitraire. Il compte sur le départ du pays de l’UE, un système de visa à points à l’australienne et une préférence pour les membres du Commmonwealth. Le Green Party se déclare opposé à toute discrimination en matière d’immigration, ce qui implique que les étrangers plus riches ou plus qualifiés ne se verraient pas mieux traités que les autres. Le Scottish National Party enfin, critiquant l’actuelle politique d’immigration, exige une dévolution des pouvoirs en la matière. […] Le Figaro

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