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En ces temps de tentation djihadiste, l’État cherche un leader. Il aura du mal à le trouver à Marseille. Où c’est le grand vide.

L’islam vit une crise de croissance. Alors, Manuel Valls a décidé de partir à la recherche d’un bon interlocuteur, pour moderniser cette religion, lui donner toute sa place dans la République. Et éteindre ainsi l’incendie djihadiste. Sarkozy avait créé le Conseil français du culte musulman (CFCM). Pas assez fédérateur. Le Premier ministre cherche une autre piste. Dans notre ville, cette démarche semble la bienvenue. Oui mais qui pour parler à Valls ? À Paris, on s’interroge.

À Marseille, on a la réponse. Personne. On voit mal qui pourrait devenir leader. Et quelle vitrine régionale, calquée sur un éventuel modèle français, pourrait faire l’unanimité. Comme le CFCM au niveau national, le CRCM (Conseil régional du culte musulman, antenne locale) a du mal à régner. Pour plusieurs raisons.

D’abord, parce qu’il aurait été mal élu. Le mode de scrutin consiste à désigner des grands électeurs (qui élisent le président du CRCM) en fonction de la dimension, ou plutôt du métrage, des mosquées. En gros, celui qui a la plus grosse mosquée a le plus de représentants. Stupide, selon les opposants qui aimeraient que tous les musulmans votent ou que s’expriment les associations comme le souhaite la Ffaiaca, qui représente l’islam noir. Conséquence : le président du CRCM, Khalid Belkhadir n’est pas écouté à Marseille. D’autant plus qu’il est Vauclusien et, surtout… Marocain.

Dans une ville où, en terme de nombre, les Marocains pèsent peu face aux Algériens (10 000, dit-on, contre 90 000) Belkhadir donne l’impression de prêcher dans le désert même si, à la tête du CRCM, l’Algérie est représentée avec l’Istréen Djamel Bedra et le Marseillais Amar Tazir, qui gère la mosquée de la porte d’Aix (avec Moussa Bouzenzen). “Mais le CRCM représente quand même une grande partie des musulmans, assure Amar Tazir. Puis, que va nous proposer le ministre ? Il va changer le nom du CFCM peut-être. Je ne vois pas ce qu’il pourrait faire d’autre.”
Au-delà du CRCM, il y a aussi un problème de génération. À Marseille, on cultive l’islam du bled. Peu de têtes nouvelles. La Grande Mosquée de Marseille aurait pu être l’élément fédérateur, le toit de tous les musulmans avec un “chef” qui aurait porté la parole du musulman marseillais. Oui mais voilà. Après la pose symbolique de la première pierre à St-Louis (15e) en 2010, le projet a coulé.
L’Algérie, qui devait lancer la collecte (en faisant un don de 7 millions d’€ sur les 22 nécessaires), a tiré le frein à main. Pourquoi ? Parce que l’homme qui portait le projet, Noureddine Cheikh, a été contraint de céder sa place à l’imam Ghoul. À qui on reproche, entre autres, d’être… Marocain. Voilà le déroutant contexte marseillais. Qui deviendra autrement plus compliqué quand, pour parodier Alain Peyrefitte, le Comorien s’éveillera. […] Source
Merci à Lilib

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