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Basé à Nyon, Social Porn se veut le pendant pornographique de Facebook et vise l’international. «Avec YouPorn, YouTube a sa version X, j’ai donc voulu créer le pendant pornographique de Facebook, qui ne publie pas de contenus X et censure ceux qui s’y risquent», explique le responsable sous couvert d’anonymat, un trentenaire actif dans le porno sur le Web depuis la fin des années 1990.

La plate-forme ressemble à n’importe quel réseau social traditionnel. Des utilisateurs, «des amis» connectés et reliés entre eux, publient, partagent et commentent des fichiers, éventuellement de leur cru. On se croirait sur Facebook, mais la comparaison s’arrête là.

Car ici, les photos de vacances et les vidéos de chatons ont été remplacées par des séances de strip-tease, des vidéos d’ébats sexuels et autres photos particulièrement suggestives. Bienvenue sur Social Porn, à mi-chemin entre le site de rencontre et le site pornographique classique.

Lancée il y a moins d’un an, l’adresse connaît des pics de fréquentation après avoir récemment fait la une du Matin. «Avec toutes ces connexions en même temps, le site a un peu tourné au ralenti», sourit le responsable de socialporn.com, qui a enregistré plus de 4000 nouveaux membres actifs en quatre jours, portant le total de la communauté Social Porn à 90’000 personnes.

Cinq millions de francs
Côté chiffres, le site, qui emploie dix personnes, annonce un chiffre d’affaires annuel de 5 millions. Les inscriptions étant gratuites, Social Porn tire ses revenus de certains services payants.
Inscrit récemment, un couple de Romands a par exemple décidé de facturer ses séances d’exhibitions nocturnes, parfois les vidéos de ses rapports. «L’utilisateur fixe ses tarifs et nous prenons une commission», poursuit le responsable, qui voit déjà plus loin. «Nous nous lançons sur le marché anglo-saxon à l’automne!»
Expérience faite, Social Porn, qui fait la part belle au porno classique et à ses vedettes, arbore aussi une dimension plus «amateur», en présentant des images de simples quidams, souvent en pleins ébats et dans leur plus simple appareil.
Profils faciles
La semaine dernière, 24 heures a tenté l’expérience Social Porn en créant deux profils imaginaires: l’un pour une certaine «Amanda», l’autre pour un dénommé «Jonathan». Les deux inscriptions se sont faites sans aucun contrôle, ni de l’âge ni du sexe. Une passivité et un laxisme loin d’être inédits sur le Net, mais qui posent la question de la sécurité, notamment des plus jeunes (lire ci-contre).
Le site étant majoritairement fréquenté par des hommes, c’est sans surprise le profil féminin d’«Amanda» qui a rencontré beaucoup plus de succès. Tandis que «Jonathan», invité sur plusieurs pages mais à qui on a peu adressé la parole, parvenait tant bien que mal à engager la conversation, «Amanda» croulait sous les demandes. Entre propositions indécentes, aventures d’un soir, orgies ou sollicitations de s’exhiber et de se caresser face caméra.
«Internet, où la masse crée un sentiment d’anonymat, a libéré la possibilité de s’exhiber à grande échelle», observe Gianni Haver, professeur de sociologie de l’image à l’Université de Lausanne (UNIL).
Plus généralement, le sociologue associe le phénomène Social Porn à une évolution de la pornographie. «L’image de Rocco Siffredi honorant en même temps une dizaine de jeunes filles ultramaquillées, souvent refaites, a vécu.
L’esthétique très léchée et improbable du porno traditionnel où l’on vend de l’inaccessible cède peu à peu du terrain à un porno plus amateur, de proximité, dont les «acteurs» sont des gens qu’on pourrait croiser au coin de la rue
», poursuit Gianni Haver, qui, anonymat du Web oblige, ne peut s’empêcher une mise en garde. «On ne sait jamais qui se cache derrière la belle blonde.»
Tribune de Genève

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