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Alain Juppé a récemment déclaré envisager un quasi-gouvernement d’union nationale allant “de la droite modérée à la gauche modérée”. Une proposition qui n’est pas sans rappeler la coalition de partis “de gouvernement” allant des sociaux-démocrates jusqu’aux libéraux et chrétiens-démocrates, en passant par les Verts, pour contrer l’influence des Démocrates de Suèdes (SD) hostiles à l’immigration. Le politologue Thomas Guénolé analyse cette stratégie.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a jugé “intéressants” des échanges qu’il a eus aujourd’hui au Caire avec des jeunes issus du mouvement islamiste des Frères musulmans, dans le cadre d’une rencontre avec de jeunes acteurs du soulèvement anti-Moubarak. “Plusieurs d’entre eux m’ont fait part de leur vision d’un islam libéral et respectueux de la démocratie” , a-t-il ajouté. le Figaro 06/03/2011

En plus de correspondre vraisemblablement à ses convictions, c’est une pièce-clé de sa stratégie électorale pour battre Nicolas Sarkozy à la primaire UMP de 2016.

La gauche est au pouvoir. Son président sortant va vraisemblablement se représenter. Par effet pendulaire de rejet sur le bilan, la droite part donc favorite lors de l’élection présidentielle de 2017. Pour la primaire UMP de 2016, les deux favoris actuels sont Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. La probabilité que l’un ou l’autre soit le prochain président de la République est donc très substantielle. Par conséquent, que l’un d’eux envisage un quasi-gouvernement d’union nationale constitue en soi un petit événement dans notre vie politique.

Alain Juppé est favorable à ce que le pouvoir soit exercé par un large arc républicain allant de la droite modérée à la gauche modérée. Et s’il est élu président de la République, il est prêt à ouvrir son gouvernement jusqu’à la gauche modérée.

Le 7 janvier sur Europe 1, il déclare ceci: «Je crois surtout que la France est un beau pays, qui a toutes les facultés de rebond, et je me navre de la voir continuer à stagner dans le marasme. Donc il faut faire quelque chose. J’appelle tous ceux qui y croient à m’aider à le faire: en un large regroupement de la droite et du centre; de la droite, du centre-droit… Et puis peut-être un jour faudra-t-il aller aussi au-delà, non pas par des combinaisons individuelles ou des recrutements personnels, mais par un accord sur un projet. Aujourd’hui, on voit bien qu’il y a deux bouts extrémistes dans la vie politique française.»
Première raison: cette idée correspond vraisemblablement à ses convictions. De nombreuses personnalités politiques sont réticentes à dévoiler leur véritable opinion. Alain Juppé, lui, a plutôt le problème contraire. […] Deuxième raison: cette idée est plébiscitée par l’électorat français toutes tendances confondues. 78% sont pour dans un sondage Ifop d’avril 2013. Après les récents attentats, dans un sondage CSA de janvier, ils sont à nouveau 78%.[…] Troisième raison: vu de la fenêtre d’Alain Juppé, un accord politique de grand rassemblement de la droite modérée à la gauche modérée est faisable. La vie politique française contemporaine est en effet structurée par deux clivages: protectionnisme contre libre-échange, et progressisme sociétal contre défense des traditions. À l’instar d’Alain Juppé, la droite modérée est partisane du libre-échange, et elle est progressiste sociétale modérée. Elle est donc compatible sur l’essentiel avec la gauche modérée d’un Manuel Valls. A contrario, il serait souvent difficile pour Alain Juppé de gouverner avec la droite radicale d’un Nicolas Sarkozy, qui est traditionaliste sociétal; encore plus avec l’extrême droite de Marine Le Pen, qui est à la fois traditionaliste sociétale et protectionniste sur l’économie. Réciproquement, Manuel Valls a aujourd’hui beaucoup de mal à gouverner avec la gauche radicale parce que contrairement à lui, elle est protectionniste. […] Le Figaro

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