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Des familles du Puy-de-Dôme se relaient pendant les fêtes pour héberger une dizaine d’adolescents à la rue. Ils sont étrangers et sans papier.

Il appréhendait les vacances de Noël. Son seul « Chez lui » en France, c’est l’internat de son lycée, dans l’agglomération clermontoise. Et à Noël, il ferme.

Christian a 17 ans (*). Il est Guinéen arrivé, seul, en août, à Clermont-Ferrand. Sans argent, sans famille, il s’apprêtait à passer les fêtes dans l’un des deux ou trois squats de Clermont-Ferrand. Comme une dizaine de lycéens étrangers sans papier dans le Puy-de-Dôme. Ce sont tous des refoulés du système de prise en charge des mineurs isolés étrangers. Le visa de Christian dit qu’il n’a pas 17 ans mais 27. La préfecture a émis une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

« Quand des mineurs arrivent à Clermont-Ferrand, ils sont recueillis par les services de protection de l’enfance (ASE) pendant cinq jours, le temps de faire l’enquête. Si l’on ne reconnaît pas leur minorité, ils sont priés de rentrer chez eux en passant par la case rue. Où ils restent le temps de faire des recours en justice pour prouver leur minorité », s’indigne Martine. Militante de toujours, à RESF, au Secours populaire, elle s’offusque de ces situations. Et refuse de rester les bras croisés.

Avec son mari, comme quelques autres familles de Puydômois, elle a choisi d’héberger, pour les fêtes, Christian mais aussi Moktar, un autre lycéen dans la même situation. C’est pour elle et son mari que Christian a accepté de témoigner : « Ils font pour moi ce qu’aurait fait ma famille ». Une balade au puy de Dôme, un cinéma, un bowling… sont au programme. Des révisions aussi, « le lycée, c’est mon avenir ». Et de la chaleur humaine. « Beaucoup oui… Et manger du chocolat aussi ! », sourit l’adolescent.

De son pays, de sa famille, de ses souvenirs de fêtes de fin d’année, Christian ne livre pas grand-chose. Sa mère est morte en 2013. Son père, « je n’en ai pas de souvenir ». Sa grande soeur est aussi décédée. En Guinée, son oncle ne peut plus subvenir à ses besoins, il lui propose de l’envoyer en France « parce que je parle français ». Il quitte son lycée où il est en première année, et suit cet ami de son oncle, payé pour le faire « passer » avec un faux visa, histoire d’éviter les questions.

Il ne sait même pas à quel aéroport il atterrit. « On a ensuite pris une voiture et il m’a déposé à la gare de Clermont-Ferrand ». « Il t’a laissé ta valise ? », demande Martine. « Oui ». « Tu as eu de la chance ! Souvent, “ils” ne laissent rien ». Ce soir d’août, un riverain le recueille pour la nuit. Et le conduit au commissariat le lendemain. Il est ensuite pris en charge, à l’hôtel, par l’Aide sociale à l’enfance (ASE)….

Source

Merci à Georges Danton

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