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Les événements de dimanche soir ne sont «absolument pas un acte terroriste», a déclaré le procureur de Dijon. Mais pour Thibault de Montbrial, directeur général du Centre d’analyse du terrorisme, les pouvoirs publics auraient tort de se réfugier derrière des questions de psychiatrie.

FigaroVox: Après les attentats à Joué-lès-Tours et Dijon, les médias ont beaucoup insisté sur le profil déséquilibré des agresseurs. N’en sont-ils pas moins des terroristes?

Thibault de Montbrial: Le terrorisme se définit avant tout par l’objectif recherché par l’auteur de l’acte. Dans les deux cas mentionnés, on a affaire à une attaque criminelle sur des civils ou des symboles de l’Etat, au nom d’une cause symbolisée par le cri «Allah Akbar». Le mode opératoire, de plus, correspond exactement au message diffusé depuis septembre par l’Etat islamique, qui demande à tous ceux qui ne peuvent le rejoindre de frapper les pays de la coalition, dont la France, sur leur propre territoire.

Il est évident que pour foncer dans une foule avec une voiture, il ne faut pas être équilibré, au sens commun du mot, tel que nous l’entendons en France. Pour autant, la nature de l’acte, ses motivations et les injonctions auxquelles il répond en font indubitablement un acte terroriste.

On commettrait une très grave erreur en cantonnant l’analyse au prétendu déséquilibre d’auteurs de tels actes, qui se rapprochent des attaques similaires commises ces dix-huit derniers mois au Canada, en Israël, en Australie ou encore en Angleterre.

Les pays occidentaux commencent d’ailleurs à s’organiser contre de tels actes: la Norvège, par exemple, a réarmé sa police à partir du mois de novembre, dans la perspective de faire face à de tels événements.

Ce qu’on appelle les «loups solitaires» agissent-ils vraiment seuls?

On ne peut fournir de réponse globale. Certains passent à l’acte sans aucun contact avec une structure supérieure, et s’autoradicalisent sur internet, tandis que d’autres se font aider ponctuellement. Cependant, le vocable général du «loup solitaire» définit des personnes qui n’appartiennent pas aux réseaux organisés traditionnels, qui ne sont pas membre d’Al-Qaïda, ni de l’Etat Islamique.

On a beaucoup parlé du risque posé par le retour de jeunes Français du djihad, mais on a un peu oublié, dans le même temps, un autre risque, sur lequel les spécialistes attirent l’attention depuis plusieurs mois: le passage à l’acte de gens radicalisés, sans quitter le pays. Les auteurs des attentats, au Canada, en sont un bon exemple.

La psychiatrisation de ces terroristes nous empêche-elle de nous protéger convenablement?

L’argument de la psychiatrisation nous conduit à passer à côté du problème. Il nous empêche de cerner globalement la réalité de la menace à laquelle nous devons désormais faire face, et donc de nous y adapter. Il peut certes s’agir d’une stratégie des pouvoirs publics, afin de rassurer la population. […]

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