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Parmi les bourreaux de Peter Kassig se trouvait un jeune Français récemment converti à l’Islam. Le spécialiste du terrorisme Thibault de Montbrial analyse pour FigaroVox le phénomène de ces conversions symptôme d’un «malaise identitaire».

Si nous ne surveillons pas les personnes dont la conversion constitue clairement la première étape d’une démarche radicale, mues par une haine viscérale de notre système, nous commettons une faute gravissime. En cas d’attentat, d’attaque envers les figures de la République, envers ses symboles, nous serions impardonnables.

Que révèle cette situation sur la conversion à l’Islam ?

D’abord, il n’existe aucune étude permettant d’établir une distinction entre la violence des personnes musulmanes radicalisées et celle des convertis récents. Toutefois, pour ces derniers, le processus de radicalisation part de plus loin ; autrement dit, la conversion est déjà, pour ces personnes, un point de passage vers l’Islam radical. Elle n’est pas le déclencheur de la radicalisation mais une étape de plus vers celle-ci.

Constate-t-on une progression des conversions à l’Islam?

Indubitablement. Les différents interlocuteurs compétents estiment globalement que le nombre de convertis augmente de 20% par an depuis le début des années 2010, ce qui représenterait plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Pourquoi de jeunes Français, qui ne sont pourtant pas de culture musulmane, veulent-ils se convertir à l’Islam?

C’est l’un des mystères du phénomène. Les sociologues, les juristes, les psychologues travaillent sur ce sujet, mais n’ont pour l’instant aucune réponse formelle définitive à fournir. On peut toutefois penser que l’Islam radical offre, aux yeux de certains jeunes – peu importe leur milieu social, leur origine ou leur situation économique – l’attrait d’une aventure, basée sur les valeurs de l’Islam. Il ne s’agit toutefois que d’une hypothèse.

Cette situation révèle-t-elle un malaise identitaire? Est-il spécifiquement français, ou européen?

Les jeunes français souffrent clairement d’un malaise identitaire, et ce depuis plusieurs années. Celui-ci s’exprime notamment par une communautarisation accrue de la société, ainsi qu’avec la hausse de certaines pratiques religieuses ou port de signes extérieurs religieux. Par exemple, on ne peut nier, depuis quelques années, une explosion du port du voile, à tel point qu’il commence à poser des problèmes concrets dans certains quartiers ou à l’Université. Cette communautarisation nous emmène sur un terrain glissant. Ce mouvement doit d’ailleurs être replacé, pour être compris, dans un contexte de crise économique, morale, et d’une progression de l’individualisme, qui reste considéré par notre société comme une valeur phare.

De plus, les jeunes qui partent combattre, au nom de la séduction de l’Islam radical, embrassent un mouvement qui prône la destruction de l’Occident, et adoptent une haine viscérale de notre société. Ils reviennent ensuite aguerris dans leur pays d’origine, et cherchent à se réinsérer au milieu d’une population qu’ils détestent. Le danger est donc réel, et il serait criminel de le taire sous le prétexte fallacieux de ne pas déplaire à tel ou tel mouvement. […]

Le Figaro (Merci à Francois1)

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