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A l’occasion de la Toussaint, l’historien Louis Manaranche rappelle le sens de cette fête.

Au coin des cheminées, nos regards ne se tourneront plus tant vers la magnificence des couleurs automnales que vers la richesse de ce que nous ont transmis les générations antérieures. Novembre est ainsi comme une pause, qui permet de mieux se demander, à soi-même et collectivement, ce que l’on compte offrir à ceux qui arrivent. Ce retrait et cette introspection sont la condition même de l’histoire et de sa continuation. En ce sens, novembre est le mois de la promesse.

Le nom de la Toussaint est éloquent : nous fêtons tous les saints, c’est-à-dire tous ceux qui, dans la foi catholique, goûtent à la joie de la Vie éternelle, qu’ils soient illustres et inscrits au calendrier ou restés dans l’intimité des mémoires familiales, voire tombés dans l’oubli. Le lendemain, 2 novembre, sont commémorés ceux qui sont morts mais qui sont encore en attente du Ciel. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de se souvenir de ceux qui nous ont précédés.

On choisit d’ailleurs traditionnellement l’un ou l’autre jour pour se rendre au cimetière, que l’on croie au Ciel ou non. Une dizaine de jours plus tard, tandis que la nature nous met en contact de plus en plus prégnant avec la finitude, avec celle des jours comme avec celle de la luxuriance des paysages, nous faisons mémoire des morts des guerres, le 11 novembre. Trois célébrations mortuaires ponctuent ainsi un mois à la lugubre réputation.

Est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Quelle est la signification profonde de ce mois de novembre? En entrant dans l’hiver, dans l’attente des longues nuits, nous sommes invités à contempler le legs laissé par ceux qui nous ont engendrés. Loin d’être un mois qui incite au spleen, novembre doit au contraire être celui de l’émerveillement de se situer dans une histoire. […]

Le Figaro

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