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Le désert grignote des terrains un peu partout dans le monde, y compris aux États-Unis où la sécheresse est par exemple particulièrement importante en Californie. Si bien qu’à San Diego on met en place une structure pour dessaler l’eau de l’océan.

San Diego va dessaler l’Océan Pacifique à grande échelle

L’idée de dessaler le Pacifique n’est pas nouvelle. Dès 2006, l’Institut d’étude en Développement, Environnement et Sécurité du Pacifique (Pacinst) publiait un guide complet sur les avancées en la matière[1] relayant le travail du Programme pour l’eau et la durabilité. Le guide faisait un constat assez amer à propos de ces techniques.

Les auteurs résumaient d’ailleurs ainsi les choses : « les bénéfices de la désalinisation de l’océan sont bons, mais les coûts économiques, culturels et environnementaux de cet acte à grande échelle restent hauts dans beaucoup d’endroits du monde. Des alternatives peuvent fournir les mêmes bénéfices à moindre coût » .

Le dessalement est une solution adoptée avec succès dans des zones désertiques, Israël et le Golfe Persique en tête. Cela a donné des idées dans d’autres endroits, même si les conditions ne sont pas les mêmes partout.

Là où le désert complet persiste, les solutions ne sont pas très nombreuses. En Californie, on a commencé à étudier la question, mais l’idée rencontre de la résistance car on estime que d’autres moyens peuvent être trouvés pour l’eau.

San Diego : des risques naturels plus élevés

Presque dix ans plus tard, la solution est cependant toujours envisagée dans le pays. Dix sept projets d’usines sont en cours sur toute la côte californienne. Il faut dire que les autres solutions, San Diego les expérimente déjà largement : la ville importe 80% de son eau de zones situées à l’extérieur du comté.

La ville est à la fois dépendante des importations et mal placée. « L’eau est acheminée en grande majorité depuis le delta San Joaquin-Sacramento, au nord, et la rivière du Colorado, à l’ouest, via un système d’aqueducs » , commente Heather Cooley, directrice du Programme pour l’eau et la durabilité du Pacinst pour U-T San Diego[2].

San Diego est en bout de ligne du pipeline, située tout au sud de la Californie. Il y a donc des risques accrus de manque d’eau, voire même de tremblement de terre ou d’incendie. La ville est en zone sismique, et sujette à une sécheresse inédite, depuis quelques mois.

Vingt kilomètres de tuyaux entre la ville et l’océan

Le comté a donc imaginé une autre méthode : relier San Diego à la côte Pacifique par vingt kilomètres de tuyaux. 17.000 membranes transformeront bientôt 200 millions de litres d’eau salée par jour.

Le système envisagé est appelé « osmose inverse » : il s’agit de filtrer l’eau salée au travers de ces membranes, semi-perméables de manière à ne laisser passer que les molécules d’eau.

Une usine, la plus grande de la côte ouest, est donc construite au nord de San Diego, à Carlsbad. Les travaux ont été confiés à Poseidon Water, entreprise située à Boston, spécialiste du dessalement de l’eau, avec l’expertise de IDE Technologies, situé en Israël.

L’usine ouvrira en 2016 et permettra d’approvisionner 112.000 foyers de la région de San Diego, soit 7% des besoins en eau du comté.

Une solution jugée non parfaite

Outre les risques naturels, San Diego se plaignait des coûts demandés par le Metropolitan Water District of Southern California (MWD), responsable du transport de l’eau en provenance du Colorado. Le service des eaux du comté avait même attaqué le MWD en justice et obtenu gain de cause. Pouvoir compter sur ses propres ressources en eau est néanmoins jugé préférable.

Dans un premier temps, pourtant, l’eau dessalée reviendrait plus cher que l’importation, mais c’est un pari sur l’avenir. Le prix de l’eau importée avait déjà augmenté, et il risque d’augmenter encore les prochaines années du fait notamment des infrastructures vieillissantes qu’il va falloir rénover, ce qui sera très onéreux.

Le dessalement, lui, est moins cher qu’auparavant, notamment parce que le prix des membranes de filtration a fortement diminué. Le prix pourrait encore baissé si une plus grande quantité de sel peut être extraite et que les membranes durent plus longtemps.

Le dessalement, cependant, n’est pas la panacée et ce notamment en raison des problèmes environnementaux qu’il pose. L’énergie, dans un premier temps, alors que la Californie travaille d’arrache-pied à réduire ses émissions de gaz carboniques.

Le dessalement n’est pas non plus sans conséquence pour la vie sous-marine, les organismes vivants étant pompés en même temps que l’eau. L’eau saumâtre, enfin, est rejetée dans la mer, la polluant.

Plusieurs organisations opposées au projet rappellent que 80% de l’eau sont utilisés pour l’agriculture, ce qui leur semble excessif. Le dessalement doit être une option, mais on doit absolument renforcer le recyclage et la conservation des eaux.

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Notes :

[1] Heather Cooley, Peter H. Gleick, and Gary Wolff. Desalination, with a grain of salt – A California perspective. Pacific Institute for Studies in Development, Environment, and Security, juin 2006.

[2] U-T San Diego / Los Angeles Times / San Jose Mercury News

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