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Les responsables du culte musulman de France commencent à prendre la parole pour s’indigner des actes des extrémistes sunnites en Irak. Haoues Seniguer, chercheur au Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen Orient, nous explique pourquoi cette réaction, encore timide, arrive si tardivement.

Toute condamnation tiède ou tardive peut être assimilée, à tort ou à raison, à l’expression d’une forme complaisance, qui, immanquablement, éclaboussera le musulman lambda.

Certains responsables musulmans français, comme le président du Conseil français du culte musulman Dalil Boubakeur, ont récemment fait entendre leur voix pour dénoncer la violence des extrémistes sunnites en Irak, et leur persécution des minorités chrétiennes. Pourquoi ces appels sont-ils si tardifs et si peu relayés ?
[…] le fait de dénoncer tardivement «la violence des extrémistes sunnites en Irak, et leur persécution des minorités chrétiennes», participe de ces ambiguïtés ou ambivalences, comme s’il fallait, du point de vue de ces acteurs, préserver à tout prix l’unité des rangs des musulmans du monde contre «la fitna» (la sédition) et «les ennemis de l’islam» (sic), qui chercheraient à diviser la «Oumma» en mettant à dessein l’accent sur ses excroissances radicales.

D’où l’impression également, à tort ou à raison, que la condamnation des agissements de l’État islamique a beaucoup plus à voir avec une posture conjoncturelle qu’à une condamnation de principe ou par principe de la violence perpétrée au nom de l’islam.

Toutefois, il faut ajouter deux autres points fondamentaux: premièrement, dans leur immense majorité, les musulmans rejettent les formes de barbarie commises en leur nom et au nom de leur religion ; deuxièmement, reconnaissons que la condamnation des «extrémistes sunnites en Irak», même tardive, est quasi unanime de la part des grands représentants de l’islam sunnite, y compris des plus rigoristes d’entre eux, à l’instar du grand mufti d’Arabie Saoudite. C’est dire que les membres de l’État islamique ne font pas l’unanimité, tant s’en faut!
Existe-t-il une forme de complaisance, voire de solidarité avec les islamistes de la part de certains musulmans même modérés, notamment dans les instances qui sont censées les représenter ?
Oui, il y a assurément de la complaisance, même si celle-ci n’est pas forcément explicite. Il est des silences éloquents pour ne pas dire complices. En effet, compte tenu des effets de la mondialisation de l’information, nul n’est censé ignorer ce qui se passe ailleurs, à commencer par les dignitaires religieux qui s’expriment régulièrement au nom de l’islam ! […] Le Figaro

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