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A l’occasion des élections européennes, les évêques ont publié une liste de points d’attention où ils redisent leur attachement au projet européen. Interview de Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, représentant des évêques de France à la Commission des épiscopats au niveau européen.

Dans un communiqué récent, où vous appelez les citoyens à voter selon des points d’attention émis par les évêques européens, vous dites qu’il faut « développer la fraternité européenne ». Laquelle ?
Par cette phrase, je voulais dire qu’il y a un repli égoïste de beaucoup d’Européens sur leur petite sécurité. Ils ont peur de l’avenir. Et comme l’avenir est effectivement incertain, ils craignent un horizon plus large et plus fraternel. La fraternité dont il et question ici est une confiance dans l’autre.
Vous dites aussi qu’il ne faudrait pas se laisser aller « au scepticisme ». Est-ce une façon d’alerter contre les partis eurosceptiques ?
[…] Je crois qu’il (le scepticisme) est le reflet de ceux qui traversent une période difficile et qui ont du mal à saisir les contours d’Europe. Du coup, ils se demandent à quoi elle sert. C’est dangereux.
Il y a 70 ans, nous étions tellement secoués par nos blessures qu’il y avait un vrai désir de paix et de fraternité. Maintenant, la paix et peut-être le confort, d’une certaine manière, ont pu nous endormir, et on ne mesure pas que le vivre-ensemble a toujours besoin de constructeurs vigilants. Sinon, c’est la construction européenne qui se défait.  […] Au sujet des migrants, vous dites que la responsabilité de l’accueil et de l’intégration « doit être partagée proportionnellement entre les Etats membres ». Faut-il entendre une critique contre certains pays ?
Oui. L’Union européenne a une frontière extérieure commune. Les Etats qui sont à la périphérie ne doivent pas être les seuls à s’occuper de l’immigration. Que ceux qui sont à la périphérie du Nord aient le même souci que ceux du Sud. Les pays les plus pauvres sont au Sud. Il faut trouver des accords avec eux. On ne peut pas dire au maire de Lampedusa : « c’est votre affaire, vous n’avez qu’à les envoyer ailleurs ». Je ne dis pas que c’est simple. N’oublions qu’il y a une double migration en Europe : celle qui vient à l’intérieur de l’Europe ; la migration intra-européenne, surtout de personnes de l’Est vers l’Ouest. La libre circulation est acquise, mais celle-ci doit se faire dans un équilibre qui permettre l’intégration de tout le monde.
[…] La Vie

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