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Deux ans et demi de négociations ont précédé l’adoption l’an dernier du « cadre financier pluriannuel de 2014 à 2020 ». Un budget en baisse pour la première fois.

En baisse, le prochain budget de l’Union européenne conserve les défauts du précédent : trop pour l’agriculture et les régions, pas assez pour l’emploi et l’innovation. Nulle part les négociations budgétaires ne sont faciles. Mais à Bruxelles, elles le sont si peu qu’elles ont lieu une fois tous les sept ans… Deux ans et demi de négociations ont ainsi précédé l’adoption l’an dernier du « cadre financier pluriannuel de 2014 à 2020 ». Cette mère des batailles s’est achevée sur l’adoption d’une enveloppe de 960 milliards d’euros, contre 985 milliards pour les sept années précédentes (2007-13).
Dans un contexte de récession économique et de crise budgétaire, l’Europe a pour la première fois voté un budget en baisse. Sous la pression de la Grande-Bretagne, acharnée à tailler les dépenses. En réaction, chaque État s’est arcbouté sur ses intérêts, comme la France pour défendre ses agriculteurs ou la Pologne pour maintenir ses aides régionales. Si bien que le virage tant attendu pour aller vers un budget plus « moderne » n’a pas eu lieu.

Bien qu’en baisse, les deux politiques historiques de l’Union – l’agriculture et l’aide régionale – absorbent encore quelque 60% du budget. Peu importe si cela ne correspond guère aux préoccupations actuelles des citoyens, qui réclament des aides à l’emploi, à l’innovation, aux études, à la lutte contre l’immigration clandestine… Avec un budget de plus en plus contraint et des tâches de plus en plus diversifiées, la Commission européenne risque vite de décevoir. Ses marges de manœuvre sont faibles.
C’est pourquoi un groupe de travail a été mis sur pied, sous la houlette de l’ex-président du Conseil italien Mario Monti, pour étudier les ressources de l’Union. A sa création, celle-ci avait des recettes propres, essentiellement les droits de douane, une manne qui a fondu avec la libéralisation des échanges mondiaux. D’où une certaine autonomie pour financer de réels projets d’intérêts généraux. Aujourd’hui, au fil des négociations, de l’élargissement, des exemptions et des rapports de force, la contribution de chaque État membre, qui pallie la disparition des ressources propres, est devenue illisible et injuste. Tous les États raisonnent désormais en calculant leur « retour » – l’argent qu’ils vont récupérer. Mais est-ce bien l’esprit européen ?
Les Echos

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