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La troïka composée de la Commission Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International envisage de donner la possibilité d’obtenir leur diplôme en seulement un an pour les étudiants grecs motivés qui accepteront de s’engager pour les réformes de marché et l’amélioration de la compétitivité de la Grèce, rapporte le journal grec Eleutherotypia.

Des membres du gouvernement grec ont indiqué que la troïka a établi un lien entre le rythme hésitant avec lequel les réformes sont adoptées, et le manque d’étudiants « politiquement fiables » qui acceptent la nécessité de l’austérité en Grèce et l’adoption des réformes y relatives.

La troïka explique que  la nouvelle ère exige un nouveau type d’étudiants « politiquement fiables », qui pourraient suivre un cursus universitaire raccourci pour éviter qu’ils ne se radicalisent.

Les étudiants intéressés par cette formule devront signer une lettre d’engagement personnel, qui leur ouvrira la voie à ce cursus accéléré. « Créer un cadre pour que des diplômés soient équipés avec un outillage politique et économique adéquat serait très utile pour les investisseurs intéressés par le programme de privatisations du pays », a déclaré un membre du gouvernement.

« Ce que nous disons aux étudiants, c’est ”Voilà, nous voulons pacifier les universités, et vous voulez obtenir votre diplôme rapidement, alors, travaillons ensemble” », a expliqué un officiel de la troïka qui a souhaité rester anonyme.

Il rappelle qu’en Europe de l’Est, après la Seconde Guerre Mondiale, les universités ne produisaient pas d’étudiants avec les compétences les plus recherchées par les nouvelles économies socialistes. La création de « facultés ouvrières et paysannes » a permis d’offrir des cursus de formation accélérés pour des jeunes d’origine prolétaire, ce qui a également permis d’affaiblir la puissance des vieilles élites académiques.

En outre, il explique que ces cycles en un an permettront de faire des économies sur le budget de l’éducation grec.

« Jusqu’à présent, les universités grecques produisaient des avocats et des médecins, ainsi que d’autres diplômés en humanités. Étant donné la situation du marché du travail, il y a naturellement de la frustration quand tout ce que l’on peut offrir à ces gens hautement qualifiés, ce sont des emplois mal payés dans des call centers », a-t-il poursuivi.

D’autres motivations sont plus politiques : selon une récente étude menée par le ministère de l’Intérieur, il apparaît que les étudiants grecs sont bien plus radicalisés que ceux des autres pays européens.

« Le problème, c’est que nos enfants, qui ont été élevés dans le respect de notre nation, de la religion et de notre système politique unique, subissent un lavage de cerveau dès qu’ils arrivent au stade des études supérieures. Ils tombent sous la coupe de divers partis de gauche parlementaires, et dans les pires cas, de partis qui ne sont même pas représentés au parlement. Nous espérons que les propositions de cursus accéléré permettrons à nos enfants de passer plus rapidement par ces institutions et d’obtenir des emplois et des postes adaptés à leur standing social ».

La crise a des effets radicaux sur la vie de famille

Les jeunes Grecs, très touchés par la crise, tardent de plus en plus à quitter le domicile familial, a révélé jeudi 3 avril lors d’une conférence de presse à Athènes la branche grecque de l’Unicef.

En 2012, 73% des 20-29 ans résidaient encore chez leurs parents. En 2010, ce pourcentage était de 68%, alors que la moyenne au sein de l’Union Européenne s’approchait de 55%.

En Grèce, avant l’accroissement des années 2000, les enfants ne quittaient traditionnellement le nid familial que lorsqu’ils se mariaient. Avec la crise, les vieilles coutumes sont de retour et la famille sert de filet de sécurité. La récession touche, en effet, particulièrement les jeunes puisque 58,6% des 15-24 ans étaient au chômage en 2013, a rappelé l’Unicef.

70% des couples grecs n’ont aucun enfant de moins de 15 ans

En raison de leur situation économique, les Grecs ont également moins d’enfants qu’auparavant, dans un pays où la fécondité était déjà faible avant la crise. En 2011, le taux de fécondité était de 1,43 enfant par femme, contre 2,01 en France par exemple. Actuellement, 70% des couples grecs n’ont aucun enfant de moins de 15 ans.

Jeudi, Démosthène Daskalakis, professeur à l’Université d’Athènes, qui collabore avec l’Unicef pour établir ces statistiques, a constaté aussi l’augmentation de la pauvreté infantile.

Selon Eurostat, en 2012, 27% des enfants grecs vivaient dans un ménage au revenu faible, à la limite du seuil de pauvreté, et en situation de privation matérielle sévère (impossibilité de payer le chauffage, de consommer de la viande ou du poisson tous les deux jours…). En 2011, 23% des jeunes Grecs étaient concernés.

Les enfants d’immigrés, de familles nombreuses ou monoparentales sont les plus concernés par ce danger de paupérisation.

Lambros Kanellopoulos, le président de la branche grecque de l’Unicef, a annoncé une campagne dans les médias grecs pour soutenir ces enfants en difficulté. Le 10 avril, les stations de radio publiques et privées diffuseront des émissions consacrées aux droits des enfants et appelleront aux dons. Andréas Samaris, footballeur star de l’Olympiakos, a également déclaré que « le produit des places vendues pour le prochain match, le 13 avril, sera reversée à l’association ».

Après six ans de récession, la Grèce devrait renouer avec la croissance en 2014 selon les prévisions de la Banque de Grèce. Mais, pour les ménages grecs dont les revenus ont baissé d’environ 15% entre 2008 et 2013, les conséquences de la crise restent considérables.

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